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vendredi 3 mai 2013

"Mes oriflammes, c'est tes cheveux..." (ceci est une dédicace)



Une "autobiographie" qui n'est pas une, enfin si mais tellement différente, l'autobiographie d'une vie et d'un système philosophique du bonheur, souvent très ardue à lire, toujours pleine d'éblouissements et d'idées électriques (faut recharger les batteries !). Lue dans le train, emportée pour la vie. Laissons Monsieur Misrahi parler du bonheur, puis de l'amour tout autre...

"La chose était (et est) claire pour moi : le « bonheur » est possible et réalisable parce qu’il est un acte et non une passivité, une passion. Et c’est parce qu’il est un acte de la liberté désirante, l’acte même de la vie déployant son Désir et sa pensée, que le bonheur est accessible en droit par tout individu. Et c’est pour cela, selon moi, qu’il peut aussi constituer la référence fondatrice permettant l’élaboration d’une éthique (à la fois « morale » et « politique »).
Ces vérités, devenues pour moi des évidences, n’étaient pas reconnues comme telles par un vaste public. Elles n’en restaient pas moins à mes yeux des vérités et des évidences. J’en suis d’autant plus persuadé que la lettre même de ma doctrine suppose que chacun invente sa vie à son gré, choisissant lui même les Actes et les activités dont la synthèse constituera son bonheur singulier. Et elle suppose en même temps, par l’universalité du singulier vécu en profondeur, que chacun puisse communiquer et exprimer cette joie de vivre qui, pour un esprit immanentiste, peut seule justifier la vie elle-même."


"Le « tout autre » n’était pas non plus pour moi un domaine étranger à l’univers de Colette. L’expression ne désignait pas pour moi d’autres amours que celui de Colette, elle n’était pas la réponse à une insatisfaction.
Non. L’amour tout autre désignait pour moi (et désigne toujours) une modalité totalement différente de la forme ordinaire et courante de l’amour.
Il ne s’agit pas le moins du monde d’une opposition entre amour charnel et amour spirituel.
Il s’agit d’une relation à l’autre qui exclut toutes les dialectiques de la « passion » mais non pas l’intensité du sentiment vécu. Plus précisément, l’amour tout autre, après et grâce à la conversion, exclut toutes les réactions de la réversibilité passive. C’est à dire toutes les attitudes qui calculent ce qui est reçu et ce qui est donné, et qui retournement vers l’autre les coups ou les dons qu’on a pensé en recevoir. Le tout autre exclut donc le ressentiment, la jalousie, la vengeance, l’exigence aussi et la domination, autre nom de l’amour aveugle de soi-même.
Cette forme d’amour, sans exigence ni réversibilité, uniquement fondée sur la réciprocité de la reconnaissance, j’ai toujours eu à cœur de la vivre réellement. Qu’il s’agisse, à différentes époques, de mes jeunes amies ou plus tard de femmes actives, j’ai toujours déployé une forme de relation sans cohabitation, sans devoirs ni exigences, sans jalousies ni oppression. La réussite, la vitalité,(non certes l’éternité) de cette forme d’amour non-rencontrée dans la littérature ni dans les rapports cliniques des psychothérapeutes, cette réussite de l’amour qui permet de parler d’amour heureux, suppose évidemment que les deux protagonistes aient accompli leur conversion réfléchie, leur libération intérieure préalable. Voilà pourquoi mes amies furent toujours des philosophes, ou des êtres de culture. Seules l’autonomie et l’intelligence respectives des sujets pouvaient permettre l’accès à une forme de l’amour qui produise joie et sérénité, et non pas angoisse et drame.
Nulle revendication matérielle n’intervint jamais dans ma vie affective et la réelle tristesse de telle ou telle séparation ne dura jamais longtemps, n’entraina aucune récrimination et n’empêcha jamais le retour de la sérénité à la lumière de la conversion et du choix de vie."






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