Pages

dimanche 30 décembre 2012

Oui j'écoute !

Moi, le plus souvent, dès qu'il y a une fille qui chante, j'ai un peu tendance à croire qu'elle parle rien qu'à moi, et je souris..."And I find myself daydreaming of the places where we used to stay..."




"Tordu tour du monde, tout au long, la question..."

Retour du ptit gars, l'heure est venue de moins inverser les cadrans, et puis ya eu Dacha qui ne revient jamais (et a volé mes clés !!), Seb pour une soirée où la symbolique du chiffre trois nous est apparue comme une révélation (mais il y croit pas), Roxane qui veut tout le temps me voir quand j'y suis pas, Benoît mon frère du bout du monde qui passe à la gare mais tellement tôt que j'ai pas pu me lever (oh que tu me manques toi !),  Pascal qui m'attend pour repeindre ses murs (il m'attend toujours, je me réserve pour le réveillon !), Gérard qui vient puis qui vient plus, Zucco qui se déchaîne avec ses rêves en SMS, et inédit pour moi, j'ai fini la semaine en Corse, et en plus ce serait que le début d'un ptit tour du monde, mais que sur Bordeaux ! Cooool !


Japoooooon je t'aime !! Attention la bombe de ces derniers temps venait (encore !) de là-bas, sous la forme d'un roman plutôt policier, et prénommé Le mauvais de Shuichi Yoshida. Roman haletant, pétri de suspenses et d'interrogations: une jeune fille est tuée auprès d'un pont, et à partir de cette trame policière, le roman va prendre le contre-pieds, laissant justement la police à l'arrière-plan, pour s'occuper des personnages proches de la fille. Et dès lors c'est un puzzle très habile et diablement prenant qui se construit, puisqu'entre ce qu'on sait, croit savoir et ignore, l'auteur va effectuer un dosage ultra-précis pour nous amener vers bon nombre de surprises, et surtout apporter un souffle bien plus humain que polar à son histoire. On découvre donc des personnages de tous âges, de tous rêves, de toutes conditions, emportés (parfois malgré eux) dans un engrenage fatal. Bizarrement, cette intrigue morcelée et cette attention aux gens m'a plus fait penser aux films coréens de la grande époque, mais quoiqu'il en soit, on tient là une perle définitive, qui comme par hasard bien souvent répété ces derniers temps, provient de l'excellente collection Philippe Picquier.


Et tant qu'on y est on remet ça aussitôt avec Park Life, du même auteur, un court roman-dérive autour d'un parc, sur le thème le plus doux des amours potentiels: la rencontre dont on n'arrive pas à cerner la nature exacte, ici avec une femme assez excentrique dans sa tête. Cela donne un roman certes moins ambitieux que Le mauvais, obligatoirement, mais qui possède un charme fou, une petite musique de printemps, et tout cela fait tout simplement du bien. Auteur à suivre, auteur déjà suivi.

C'est pas souvent, j'ai lu un roman espagnol que Cyril ne connaît pas (et croyez-moi, ceci est presque impossible !) ! Encre, de  Fernando Tras de Bes est une sorte de conte délirant métaphorique fort plaisant: en 1900, une femme trompe tous les mardi son mari avec un inconnu (toujours le même), sans comprendre pourquoi. Abattu, le mari, libraire, décide de lire tous ses livres pour trouver la raison de cette injustice. Il croisera alors un mathématicien qui a perdu son fils et a le même objectif mais pas les mêmes méthodes. Et dès lors s'ensuit une quête éperdue et loufoque, mais à la Borges, avec érudition et humour pince-sans-rire, à travers tous les acteurs du monde du livre: imprimeurs, éditeurs, correcteur, etc...une fable étonnante et plaisante, idéale pour les lectures de pleine nuit...




Et en avant pour la Corée, La surproductivité de Kim Sung'ok est un petit ravissement situé (et écrit je crois) dans les années 60: le narrateur, un jeune journaliste, se promène entre son groupe de copains, leurs aventures avec un cochon ou un lapin qui fait du théâtre (si si), son amoureuse, un ange selon lui, fille de sa logeuse, le tout sous un regard plein d'humour, de purs délires, et de grande tendresse. Au final, un petit bijou étrange, qu'on ne sait trop comment regarder tant il s'échappe par toutes les voies possibles: amusant ? Touchant ? Décalé ? Précieux, ça c'est certain.


Détour par la Chine avec encore une rencontre, mais plus trouble que dans Park Life: Amour dans une ville enchantée de Wang Anyi est un peu un lost in translation chinois, sauf que les personnages sont tous deux adultes. Une rencontre de dix jours dans un salon littéraire, juste assez pour vivre tous les vertiges entre la passion, le couple, le passé, le quotidien et le futur. Dix jours où tout bascule, ou dix jours comme une parenthèse ? Faut lire pour savoir !




   

L'ultime déflagration viendra des USA avec l'ébouriffant Vie animale de Justin Torres, un peu plus de cent pages débordant de vitalité, de poésie, de style, clairement, pour finalement une suite d'instantanés (mais qui se secouent dans tous les sens) sur une famille: père, mère, trois garçons. On navigue entre le style fou de LF Céline, les visions baroques de la pauvreté voire la misère à la manière des comédies italiennes années 70, et vision crue et pleine d'amour de l'enfance dure et sans naïveté (j'ai parfois pensé au génial film de Bouli Lanners, Les géants). Le tout sur un mode supersonique, ça va vite, ça cogne, pleure, crie, crache, frappe, enlace sans aucune différenciation, et puis le dernier chapitre résonne comme une conclusion inattendue à ce qui semblait n'être qu'une mosaïque éparse: aïe, en plus, il y a derrière tout ça une autre dimension: et là le livre se tait, mais après avoir éructé, hurlé, chanté, presque transformé une boue possible en or: C'est un premier roman, et c'est pas souvent qu'on en lit de si puissants.



On finira l'année cinéma avec le plus simple et souvent le plus fort: le documentaire de Sébastien Lifshitz, Les invisibles, offre du cinéma efficacité garantie (pour moi): on plante la caméra et on écoute des gens parler de leurs vies, ici de vieux homos. Et bien sûr c'est passionnant, parce que quand les gens racontent leurs vies, car ici c'est bien de cela qu'il est question, être soi-même ou à peu près dans un lieu et un temps donné, avec le boulot, la famille, les amours, les désirs, les bifurcations, les sentiments, toute cela brassé par des paroles justes, drôles ou émouvantes, on ressort de là gonflé à bloc, avec en plus l'étonnement d'écouter des gens si âgés parler si aisément d'une intimité qu'on croit allant s'effaçant avec les années, mais non, il y a là une douce sagesse révélée en filigrane: ne nous inquiétons pas, tout reste...

Eh bien moi j'aime bien la chorale pop de Reims The bewitched hands. Et c'est tout !



jeudi 27 décembre 2012

Ave tenebrae

Bien sûr Volor Flex a tout pompé sur Burial, mais c'est aussi bien que l'original pour une fois, alors on met très fort et on s'y égare...



lundi 24 décembre 2012

Le dernier sera donc le premier

Ahiiiiii !! Je viens de voir LE PLUS BEAU FILM DE L'ANNEE 2012 !!  Et très très haut la main en plus !


Alors le portugais Miguel Gomes, j'avais vu son film précédent, Ce cher mois d'août, étrange objet non-identifié de 2h30, qui oscillait entre documentaire et fiction. Je voyais bien qu'il y avait là un mec inventif, mais de là à imaginer que la suite atteindrait de tels sommets, fallait le prévoir...
Je lis jamais rien sur les films avant, je connais pas trop les histoires j'aime bien découvrir, et les avis je les regarde en diagonale. Là j'avais simplement récupéré les mots "passion" et "classicisme", ouh là, je craignais un film type le Clint Eastwood qui m'ennuie à moitié (enfin, tout Eastwood m'ennuie par justement la faiblesse de son classicisme), style La Route de Madison, devant lequel je rêve de pleurer mais baille poliment.
Tout faux, parce s'il y a bien un film puissamment moderne, puissamment inventif, puissamment aux avant-poste du défi artistique le plus fort et le plus improbable: réinventer les manières d'aborder l'amour, c'est bien cet incroyable et bouleversant (j'en frémis encore en écrivant) Tabou. Là où souvent les histoires d'amour au cinéma jouent la carte périlleuse et la plupart du temps ratée émotionnellement du romantisme, Miguel Gomes a pris la tangente en fonçant tête baissée dans toutes les fièvres, les passions, et donc le Romanesque, valeur suprême dans mon petit Panthéon de poche.
Ca signifie donc ici: du noir et blanc, une intro qu'on ne comprend qu'au bout de 10 minutes mais qui offre une clé qui ouvrira les portes bien plus tard, et une première partie, Paradis perdu, totalement à l'opposé de l'histoire de passion qui serait annoncée. Rigueur des plans, voire froideur, pièces d'un puzzle qui tarde à se construire, âges pas vraiment prévisibles, liens entre les personnages étranges à cerner: hum hum, mais c'est quoi ça là ? Elle est où l'histoire de passion ?? Et puis événement, et puis surgissement d'un très vieil homme, blouson de cuir sur dos, mégot au bec, et là, seconde partie: Paradis. Et là: stupeur. Bouche bée pendant plus d'une heure. Autre temps, le passé, autre pays, le Mozambique, mêmes personnages mais plus jeunes, voix-off sépulcrale, et tout autre film pour une raison de mise en scène qu'il vaut mieux ne pas dire pour en savourer l'émotion folle. Je me disais, non, il ne va pas oser faire ça jusqu'au bout, mais si: jusqu'au bout bien sûr, car à partir de là ce sont les extrêmes les plus impossibles à tenir qu'affronte Miguel Gomes, et dont il triomphe à la force d'idées de mise en scène et d'acceptation d'aller jusqu'aux centres les plus furieusement brûlants des sentiments. Donc morale et passion, donc amour et interdits, donc fièvres et tout balancer, donc tout retrouver et folie, donc en fin de compte la rencontre d'un homme et d'une femme, ceux qu'il fallait absolument, ce qu'il ne fallait surtout pas. Et face à eux, stupéfait, mieux encore: pétrifié: moi, le spectateur. Qui n'en croit yeux, ni oreilles, ni battements de coeur, ni larmes. Et qui repart tremblotant dans les rues, non de froid, mais de joie: parce que ce film, c'est mon chéri de l'année 2012, parce qu'il y avait longtemps qu'un cinéaste m'avait pas montré l'amour et la passion avec un style et une intensité dont j'ignorais l'existence.
Il y a les histoires d'amour qu'on vit, et celles qu'on voit: et parfois, par des miracles qu'on mettra des mois à déchiffrer, elles ont la même importance émotionnelle dans nos vies. Parce qu'elles nous bâtissent. Comme ce soir...

Allez Zucco, jte fais un cadeau, un dernier solo, pour toi qui pourtant selon certaine n'était pas le roi des accueils sur le quai !!!






"Un jour comme quand on s'est aimés"

Une loque vous écrit (c'est moi !)...
Alors alors...bon ben j'y suis allé et en suis revenu, un pur passage dans un tout autre monde, voire univers, j'ai fait ma mission, faire rire, par contre j'ai pas tout le temps ri...logé chez une vraie dingue qui passe son temps à taper sur la table avec des mains quatre fois plus grosses que les miennes, et qui vers 16h45 m'appelle (alors que je me cache dans la chambre) d'un terrifiant "A taaaaable..."Je veux plus manger, je veux plus y aller, et non Zucco, je veux pas la recevoir !!!...
Au rayon (de l'étagère ??!) beaucoup plus cool et délicieux, c'est les vacances donc Mamzelle Dacha ressurgit certains soirs et petits matins (mais c'est la dernière fois, snifff) et cadeau de Noël elle invite chez moi Mamzelle Marion qui n'est vraiment pas n'importe qui, quatre cerveaux au moins dans un seul crâne, plein d'humour et d'intelligence, bien azimutée et en prime ayant apparemment vécu au moins douze vies différentes dans une seule: j'ai passé une bonne soirée (et mon ptit gars aussi, ce petit coquin concentré comme pas deux sur l'ordi pendant toute la discussion me reparle de TOUT ce dont ces filles ont parlé le lendemain matin !!).
Et au rayon mais que sont ces dimanche ??!!, hier soir je comptais donc me reposer bien sagement quand surgit Miss Morgane, bonnet à pompon sur la tête et vélo traversant les nuits bordelaises, bon ben on fume un peu ?? Ouiiii !, puis on fume beaucoup, puis on fume beaucoup trop, mais elle, contrairement à msieur Seb, quand je propose le dernier joint elle dit toujours oui et donc on a fumé plein de derniers aussi !! Je tairai sa tendance à confondre un verre de vin et une bouteille entière (j'étais au thé, dieu merci), mais je clamerai merci pour ces heures où on a fait que rigoler, c'était une soirée vraiment extra, et hum, heureusement qu'il n'y avait que nous deux, parce que franchement vers 2h du matin, on avait vraiment des sales têtes !! Donc aujourd'hui, je suis une loque !! cqfd !!!
Allez, quelques mots sur les derniers livres de l'année ou presque.



Quitte à y aller, autant emporter un polar allemand: Sonatine une fois de plus a fait mouche avec Sorry de Zoran Drvenkar, un polar vraiment hyper bien construit, roi de la surprise et du suspense. Quatre jeunes amis fondent pour rigoler une société qui propose aux entreprises de se faire pardonner par leur intermédiaire: pas de bol, un serial killer les engage ! Sur cette trame apparemment bizarre, c'est vraiment un piège ultra-calculé qui constitue le roman: habile narration à plusieurs points de vue (dont certains nous restent trèèèèès longtemps inconnus, jeu sur les avant et après, rebondissements trop bien placés et totalement imprévus, ça se lit tout seul, ça inquiète, donc ça plaît.



Je suis beaucoup plus sceptique sur Les apparences de Gillian Flynn: là encore, il y certes une construction habile, un livre coupé en deux fois deux (faut le lire), par contre l'histoire de ce couple où la femme disparaît subitement et où tout semble accuser le mari s'est avérée, par ses personnages et ses images du couple, pour moi terriblement superficielle et banale, pire encore: ramassis de clichés. Vu que j'étais pas chez moi je l'ai lu jusqu'au bout, je suis pas sur que je l'aurais fait sinon. Alors oui l'intrigue est bien menée, mais j'ai passé mon temps à me demander si cette superficialité était le reflet du monde qu'elle décrit, ou la seule chose que cette auteure  apparemment à succès (jamais entendu parler) est capable de donner...



Sonatine, troisième, avec le très chouette 22 novembre 63 d'Adam Braver, un petit bijou qui m'a repoussé au départ par son thème (suivre Jackie Kennedy ces jours-là) et m'a emballé par son style et son point de vue: le quotidien d'une femme, d'une personnalité et d'une "victime" d'un événement hors-normes. Le livre est autant journalistique (au bon sens du terme, qu'il est si rare de trouver) et romanesque, que palpitant et sensible, et finalement recrée très habilement ce que tout cela a dû être: un tourbillon, mais autour duquel le monde continue de tourner implacablement. Excellente surprise, vivement recommandé.



Je l'ai pris parce qu'elle est passée à Varsovie (j'aiiiiime) en 1946: Paula Fox jeune journaliste quitte son Amérique natale pour visiter l'Europe en ruines, et en rapporte L'hiver le plus froid, témoignage autant autobiographique où on la suit au quotidien, ses rencontres, quelques amours même, et historique, ce monde ou ce qu'il en reste (n'en reste pas, plutôt). C'est court, dense, tellement étrange que ça en devient nécessaire. 




L'herbe des nuits le dernier Modiano ne vaudra pas l'herbe de la soirée d'hier ! Plus sérieusement, j'étais content de retrouver ce grand monsieur, mais finalement mouais bof, on reste bien sûr dans le même tempo et univers, sauf que là ça tourne parfois vraiment en rond, avec quelques tics d'écriture un peu rasoirs. Une fois refermé, angoisse: J'ai vieilli ? Il a vieilli ? On vieillit mal ? Je sais paaaaaas !





On finit sur le recueil de nouvelles de la coréenne Eun Hee-Kyung, Les boîtes de ma femme, qui confirme ma tendance actuelle à plonger dans les nouvelles asiatiques avec délices. Histoires de couple, caustique, étranges ou belles, ce recueil me permet l'une de mes activités favorites depuis trois ans: continuer sans fin de m'étonner de la production artistique du pays le plus important de ces derniers temps: la Corée du Sud...






Fin d'année, c'est pas que les bilans, c'est aussi l'heure des pleurs devant les trucs ratés: en concert, je suis pas allé voir les Concrete Knives et les Bewitched Hands, et c'est pas malin. J'ai raté The luyas à cause du boulot et ça grrrrrrr. Et scandale inacceptable: deux des films apparemment les plus passionnants ne sont pas passés à Bordeaux en salle, enfin le premier si mais une pauvre petite semaine, le deuxième même pas et à bas les distributeurs avec leurs films pourris. Donc adieu déjà Rengaine de Rachid Djaïdani et surtout le paraît-il génial L'âge atomique d'Helena Klotz...pas juste...

Electro cool pour finir, il est 11h du matin, et si je m'écoutais j'irai dormir ! Bon ben je m'écoute pas ! Allez, tout le monde, See you next time...





lundi 10 décembre 2012

"Tout le monde ils en ont un...!"

Bon, Seb, d'accord tu viens manger dimanche soir mais pas tard hein, lundi je bosse hyper tôt et c'est une grosse journée...total: on va acheter des oeufs et une patate, on tombe sur la lune, on en apprend plein sur la figuration et l'aqua-gym, on repart les proches pleines, et adieu repos, on fume des joints et on finit bien épuisés ! Sinon je pars dix jours en Allemagne, alors le blog se repose un peu.



Un très beau recueil de nouvelles japonais encore (je me demande bien ce qui me prend de lire tant de nouvelles asiatiques en ce moment, moi qui ne lis jamais de nouvelles !), Le marais des neiges de Toshiyuki Horie situe toutes ses histoires dans une petite ville perdue vers les montagnes, et raconte des bouts de quotidien qui construisent peu à peu une géographie sentimentale des vies en apparence anodines, en évidence pleines de bruits feutrés et de fureurs retenues. Un bowling qui ferme, une cuisinière venue de Tokyo qui s'en va, et bien d'autres récits doux et émouvants, pour une énième réussite parfaite de cette littérauture-là. beau, beau, beau...

Deux morceaux pour le départ, d'abord le rock retenu et sombre d'Ormonde, puis le génial beatmaker poétique L'orange, révélation stupeur de ma fin d'année. A bientôt...






samedi 8 décembre 2012

MJ the killer !!

Titre spécial private joke, qui a bien fait rire mon ptit gars, et qui me permet de saluer ma nouvelle lectrice !! D'ailleurs, il y a tant d'années, j'ai vu un film qui a changé ma vie - au sens, clairement, où ma vie n'aurait jamais été ce qu'elle a su être sans ce film - et plus étrangement encore, en sortant du cinéma, je m'étais dit, comme un croyant peut probablement espérer follement: ma vie doit être comme ce film. Bingo: il m'a permis qu'elle le soit. et donc dans ce film, il y avait ce court dialogue à un moment: (les deux personnages sont à une soirée, à Paris)
"- Pourquoi ce type m'appelle "les potes" tout le temps ? il m'en veut ?
- Non! Il nous aime beaucoup ! Moi, moins, mais il doit bien t'aimer, toi. Je crois qu'il fait de l'esprit, tu sais. Et puis il est très..."normal" peut-être. Mais dire "pote", c'est "normal", non ? Des fois, Nathan dit des choses comme ça.
- Enfin, ça me met très mal à l'aise.
- Attends ! on est à Rome, on fait comme les Romains...
- Ce type n'est pas "romain" du tout !
- Si ! Il est "romain" d'une certaine manière. "Mon pote", c'est assez "romain".



Un mot juste pour un coup de foudre russe (non, Dacha, je parle pas tout à fait de toi !): découverte d'une jeune auteure qui m'a scotché, Natalia Klioutchareva avec Un train nommé Russie, un roman totalement électrique, une décharge bourré de style, de culture, d'histoire, de jeunesse, bref un roman éblouissant et ébouriffant, l'histoire, si l'on peut dire, d'un jeune homme dans un train traversant la Russie, mais surtout traversant l'histoire et la mentalité russe, croisant des personnages-symboles, et surtout courant après (aux deux sens du terme: après l'avoir vécu, ou cherchant à le retrouver) l'amour de sa jeunesse, cette magnétique Iassia qui donne au roman ses pages les plus folles, presque dignes de Rimbaud version féminine parfois, cette fille géniale et dingue, aux cheveux multicolores, une pile de vies au carré, aussi énigmatique qu'obligatoirement appel à l'amour. Un roman-somme de 180 pages seulement, absolument rock'n roll, absolument russe, absolument d'aujourd'hui et pourtant dieu merci intemporel, un roman où ça frémit de partout, ou c'est écrit pour dire des choses, où les pages sont chargées d'électricité statique et en mouvements surtout, un roman bourré de culture, de références et en même temps sauvagement libre. Mon Dieu, mais qui est cette fille qui l'a écrit, quel est ce pays, qui sont ces personnages qui aimantent notre amour ? La voilà la tempête sauvage par les mots: là, j'avoue, ce livre, je m'en suis pas encore remis. Et je compte bien ne pas m'en remettre. Comme un torrent, mais sans jamais rechercher l'accalmie des rivières des après. Et j'ai même pas recopié le passage le plus nucléaire, et il y en a...

"Le bonheur était pareil aux valves d’un coquillage translucide, qui se seraient refermées sur eux tandis qu’ils s’embrassaient, s’enracinant l’un dans l’autre quelque part à la cime d’un pont.
Et ils pouvaient passer un jour entier couchés sur un banc du musée Akhmatova près de la Fontanka à regarder le vent faire indéfiniment passer les feuilles des tilleuls du vide du ciel si bleu dans le vide si bleu du ciel. Tout en bavardant dans une sorte de langue d’oiseaux, incompréhensible pour les non-initiés, qu’ils inventaient en parlant et oubliaient sur-le-champ.
Un seul mot lui était resté de ce langage. Iassia avait l’impression que c’était le meilleur vocable pour parler aux forces de la nature.
« Vientch » criait-il aimablement aux canards gris qui agitaient leurs pattes sur la rivière Smolienka. Les canards acquiesaient en cancanant et poursuivaient leur chemin sur l’eau.
« Vientch » murmurait-elle aux fleurs blanches du vieux cimetière arménien. Les fleurs lui rendaient son salut, élastiques sur leur tige fragile.
« Vientch ». Iassia conjurait la tempête, debout sur un tonneau renversé parmi les embruns, l’écume et les vagues vertes du golfe de Finlande.
« Vientch », trempée jusqu’aux os, la gamine aux cheveux coiffés en une dizaine de courtes tresses essaie de couvrir le fracas de l’austère Baltique.
« Vientch », Nikita entend résonner en lui le mot magique de la petite Iassia, tout aussi sonore et salé qu’il y a des années.
« Vientch », et il sait que jamais, plus jamais, vraiment jamais plus, il ne l’entendra.
« Vientch », les vagues ne sont plus aussi hautes, et le bruit s’apaise. Iassia descend du tonneau, dérape et fait un plongeon dans l’eau. Nikita court vers elle, trébuche et tombe lui aussi. Ils rampent pour se rejoindre sur les galets qui glissent sous leurs pieds, sur la terre qui se dérobe sous leurs pieds, essoufflés, gais, tout égratignés. Ils se saisissent par les mains, et là une nouvelle vague de bonheur les frappe dans le dos, et ils tombent cette fois ensemble et prononcent « Vientch » d’une seule voix, à genoux au bord de la tempête domptée, à la lisière même de leur destin. »"


Alors clin d'oeil !...






dimanche 2 décembre 2012

Garder un chat, ça rapporte pas...

Spécial dédicace ce soir, cryptons cryptons... Bon déjà je suis grand-cousin, Jeanne est arrivée !! Ah ah mon doyen des amis, il va les faire les nuits blanches qu'il me refuse toujours ! Alors sinon  il paraîtrait que je suis du genre à écouter du métal et de la J-pop (tout faux !), je suis bienveillant, et Seb Seb viens vite écouter comme elle parle bien d'amour !! Bon, on devait fumer plein de joints mais on en a eu juste un peu, mais on a bien ri (badaboum..."Oooh, t'es génial !"), on a marché dans le Bordeaux glacé, on s'est retrouvé au milieu de 20 inconnu(e)s et bien sur Roxane a braillé que j'étais le plus vieux de la soirée, on a bu, bu, bu, et puis plus bu, mais qu'est-ce qu'on a ri, on a beaucoup échangé avec Nantes, et puis retour en pleine nuit dans la nuit encore plus glaciale  en croisant tout un autre monde, symboliquement c'était bien, et puis au réveil c'est le retour à la réalité, on charge les carottes colorées et à bientôt, mais pourquoi ça s'arrête, tout ça ??



Sinon vendredi soir, malgré le froid polaire et sans savoir pour quelle raison je m'y rendais, jme suis traîné au St-Ex pour un concert ultra-pop, les caennais de Granville, un lieu où je traînais mes guêtres il y a trèèèèès longtemps: jolie chanteuse, c'est vraiment très très trop pop chanté en français, mais c'est marrant d'entendre une chanson sur Jersey, c'est bizarre d'être un peu endormi au milieu de tout ce public tout joyeux, et puis Granville, Caen, tout ça, ça fait revenir bien des jolis souvenirs dans le coeur, la rencontre avec le Zucco, le temps heureux de Mortain, Mamzelle Sophie, miss Fanny, Hélène qui manque tant, Aurélien le globe-trotter, et bien évidemment Chloé qui a eu droit à mes SMS de pleine nuit...Donc finalement ce petit concert, c'était pas une mauvaise idée...



Et au passage un très beau roman polonais (Ah la Pologne, moi je suis amoureux de Varsovie): L'art d'écosser les haricots de Wieslaw Mysliwski.
"Il m'est arrivé de marcher dans la rue encombrée d'une ville, fendant une foule de gens qui me bousculaient, je ne voyais pas grand-chose, ni les immeubles, ni les réclames, ni les vitrines, ni les voitures, même les visages passaient devant moi comme des éclairs, et soudain, au milieu de toute cette cohue, un visage se greffait dans ma mémoire pour y rester définitivement, mais pourquoi celui-là et pas un autre ? Vous savez, je porte en moi une multitude de ces visages nés d'un bref instant d'illumination. J'ignore à qui ils appartiennent, quand et comment je les ai vus, je ne sais absolument rien d'eux. Et pourtant ils vivent en moi. Leurs airs pensifs, leurs regards, leurs tristesses, leurs grimaces, leur amertume vivent en moi, fixés comme sur une photographie. A cette différence près que ce ne sont pas de simples photographies sur lesquelles une personne reste figée pour toujours...Au risque de ne plus se reconnaître elle-même des années plus tard. Elle a beau savoir qu'il s'agit bel et bien d'elle, elle a du mal à le croire. Non, sur les clichés de ma mémoire, y compris les clichés pris à la volée, tous les visages se couvrent de rides avec le temps, se creusent, ils ont les paupières qui tombent. Par exemple, quelqu'un qui avait de grands yeux se retrouve avec de petites fentes étroites. A celui qui souriait en dévoilant une jolie rangée de dents blanches, il ne reste plus que la bouche entrouverte. Pour être franc, il ne devrait même plus sourire. Prenons une belle femme dont l'éclat m'avait jadis frappé, eh bien avec le temps, je n'aurais plus aucune envie de la croiser. Oui, j'ai connu quelques belles femmes et je dois vous avouer que, chaque fois que leurs images remontent à ma mémoire, je me demande si les belles femmes ne devraient pas mourir prématurément.
Mais qui suis-je, moi, pour exercer un droit sur ces visages gravés par le plus grand des hasards dans ma mémoire et qui m'accompagnent partout, comme si ma vie était aussi la leur ? Je me sens tapissé de l'intérieur par leurs empreintes. j'essaie de les oublier, mais en vain. Et j'ai même l'impression qu'ils me demandent de ne jamais les oublier. Oh, comme il m'est difficile de vivre avec tous ces visages en moi, sans rien connaître d'eux."

Ultime hommage, tout défoncés on a trippé avec Seb sur Daphni, en se disant que quand on réécouterait ça plus tard ça ferait ptêtre pas pas le même effet. Eh ben on va tester !