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dimanche 30 juin 2013

Little Big Indien

" - J'ai deux billets pour le concert de Dead can dance, ça te dit ?
  - Euh...non !"


 

samedi 29 juin 2013

Nos vies fauve

Qu'il est bon de pouvoir habiter à Bordeaux et vivre sans bouger, sinon de l'âme, à Montpellier en même temps...Ces derniers temps, avec Zucco et Boris, on a un peu vécu ensemble, et on a tout essayé pour et surtout grâce à  l'indien: elle reste encore un peu sur sa réserve au lieu de venir dans la sienne, mais faut bien garder espoir. En tout cas merci les amis...
Et puis Fauve est venu balayer nos trois coeurs et cerveaux: une bande-originale tombée du ciel, une déflagration comme ya des années que j'en ai pas entendu, une coïncidence millimétrée entre le monde, nos existences et quelques mots scandés. Le hasard et la nécessité.
Et puis aussi mais rien que pour moi, une fin de dimanche qui devait être une fin de dimanche, et puis oh ! dans ma rue, Madame la présidente ! Et du coup plus de deux heures de enfin-vraie-rencontre: ça, pour moi, et je crois pour elle, ce fut exactement comme le sourire après un espoir plutôt sceptique, qui devient certitude. Merci madame !
"Et on est là haletant, on s'accroche au moindre petit signe du destin, on y est presque, oui, oui, et vlan...rien" Pas ce dimanche mon Boris. Je t'attends, place à bientôt !

Bonne pioche de lectures ces derniers temps.


Honneurs suprêmes à une femme et un livre incroyable, Un diamant brut, d'Yvette Szczupak-Thomas. Un livre tornade, écrit comme un poème plein de feux à la Rimbaud, pour une autobiographie partielle, douze ans de vie, 1938-1950, correspondant en gros à ses six, vingt ans. 
Elevée en famille d'accueil dans la campagne de Bourgogne, cette désormais artiste dont j'ignorais toute existence évoque principalement avec une puissance rare et constante, les tourments de son âme face à la découverte du monde dans son ensemble. Une pure dimension psychologique, attisée par les flammes de ses points de vue, où toute souffrance est bannie, non, où toute souffrance si elle se présente peut être disséquée pour être dépassée. J'avoue avoir rarement lu une autobiographie, disons, aussi percutante, aussi vivante, aussi belle et forte: ça bouge tout le temps dans son âme à cette fille ! 
Et puis les basculements: changement de famille, une fois, puis rencontre avec un riche couple de parisien, stupéfaits par cette fille, qui l'emmènent-l'achètent-l'adoptent vers ses douze treize ans, et la voilà catapultée, pour ses aptitudes artistiques encore enfouies, au milieu des amis du couple: Picasso, Eluard, Giacometti, René Char, Miro et j'en passe !! Qui tous vivent à ses côtés, au sens fort du terme, comme certains adultes savent vivre aux côté de beaucoup plus jeunes parce que l'âge n'empêche en rien l'existence. Ajoutez à cela la création d'Israël comme future étape d'un parcours personnel hors-normes, et vous aurez compris que les 400 pages de ce pur diamant effectivement fait tourner la tête comme peu. Les douze années de vie racontées ici en valent mille, et je n'ai rien dit des questions-fusées supersoniques autour de l'adoption, la filiation, la vie sentimentale, la folie des humains et l'étrangeté de soi-même. Amour amour, mais total total...


Autre déflagration d'un tout autre genre, mais grande découverte (un autre roman de lui est déjà sur mes étagères): le québécois Gaétan Soucy m'a bluffé et enthousiasmé avec La petite fille qui aimait trop les allumettes. Un roman écrit dans une langue toute autre, très intrigant au début: on ne sait trop où nous sommes ni quand, aujourd'hui ou dans un intemporel de conte ? Seule certitude: dans une famille , deux garçons, le père, et le père vient de mourir. Un garçon raconte, on comprend peu à peu qu'ils vivaient reclus dans une sorte de folie du père, et il va falloir aller à la ville pour s'occuper de l'enterrement. Il ne faut pas en dire plus parce que que même si le roman est court, il fait un truc vers le milieu que, j'avoue, je n'avais jamais lu dans un roman ! Très très fort. Très très. Et donc plus que l'invention d'une langue, d'un style empli de drôleries, d'étrangetés et de fulgurance ("Mais quand on essaie d'aimer, tout devient compliqué car peu de gens ont de cela la même imagination dans le chapeau"), c'est avant tout un grand, fort et beau livre, un livre marquant, assez voire totalement unique en son genre. Monsieur Soucy, chapeau bas.




Pour qui lisait mon ancien blog, ce ne sera pas un secret que de dire que je suis amoureux d'Anne-Marie Schwarzenbach, dont je vois les livres avec le même amour qu'on peut avoir pour le corps de sa copine en été, et en hiver, et au printemps, et en automne. La retrouver, c'est l'aimer plus encore. Voir une femme est une courte nouvelle qui m'a enveloppé de trouble et de bonheur qui fait un peu mal: une sorte de variation sur le coup de foudre et les espoirs et peurs qui en découlent dans le milieu des hôtels balnéaires des années 20. Coup de foudre féminin bien sûr. Eh bien comme toujours avec elle, coup de foudre pour moi.
La mort en Perse est à nouveau une sorte de carnets de ses voyages et de ses états d'âme, écrits comme si un oeil admirait ce qu'il y a de plus beau et douloureux chez chacun. Cette femme était vraiment une femme tout autre, et ça me réjouit de voir et savoir que plus je la découvre, plus je l'aime. Je sais pas si dans la vraie vie cela marche...



Virage à 360 degré avec Paris insolite de Jean-Paul Clébert, poète du bitume des années 50, et du bitume avec ses habitants: ce qu'il appelle la Cloche, clochards, laissés-pour-compte, exilé volontaires ou pas de la vie sociale et du travail, dans un Paris qui n'existe plus mais est ici montré (et souvent on écarquille les yeux car c'est effectivement un monde englouti aujourd'hui) en 150 photos accompagnant le texte digne d'un Céline, texte à la gloire de la paresse, de la curiosité, de la beauté des vrais losers, des bistrots comme là aussi il n'en existe plus, des prostituées, un internationalisme de la marge et surtout un refus de la vie calibrée par les sociétés. je connaissais pas le monsieur, mais alors quelle chance de le rencontrer, quel effroi aussi quand même de lire un livre qui a une soixantaine d'années et semble déjà faire partie d'un monde révolu. Mais c'est vraiment un bel objet, un précieux "document" dans lequel vibre un réel écrivain.



On finira avec un décidément grand monsieur, en plus d'être un des chanteurs français des plus brillants, Dominique A sait écrire et penser, et Y revenir, son évocation autobiographique de sa ville d'enfance et d'adolescence Provins (entendue dans le sublime Rue des marais) est un éblouissement, une sorte d'archéologie d'un monde et surtout d'un rapport au monde, du tout petit au déploiement du plus grand, dans lequel on s'immerge avec stupeur et admiration. Le livre est court mais d'une extrême densité, très écrit mais au sens noble: il s'agit là de quelqu'un qui a vraiment quelque chose à dire. Et cela n'est pas si fréquent, en particulier quand un chanteur écrit. Mais là, ce n'est pas un chanteur: c'est Dominique A.

Bon ben on peut pas finir, même si c'est pas très original, sans écouter Blizzard...Fauve, découverte au-delà des fondamentaux...


  

mercredi 19 juin 2013

Signe des temps ou temps des signes ?

Il y a quasiment exactement un an, j'entrais mécaniquement dans un lieu anodin où beaucoup de gens entrent mécaniquement. Mais la fille qui accueille ces gens, qui pour elle ne sont que des gens, je décidais qu'il fallait que je la connaisse, et qu'elle me connaisse. Aussi imprévisible que ce soit pour quelqu'un comme moi, deux mois après, cette fille se trouvait chez moi, dans mon légendaire canapé, à dix centimètres de moi. Alors que pour elle je n'aurais jamais dû exister. Ces dix centimètres resteront notre seule distance infranchissable. Mais la distance qu'on aura franchi ensemble aura été une de mes plus jolies odyssées, un infiniment grand à mon échelle (je sais pas trop vivre) qui se sera réduit à un infiniment petit. Mais pour moi: deux infinis vécus pleinement, à jamais inoubliés, qui m'auront changé, et donc construit.
La seule chose que je fuis dans ma vie, c'est la répétition. Surtout avec les filles que j'ai aimées. Une histoire est finie ? Il faut que la suivante soit en tous points dissymétrique, éloignée autant que possible de la précédente. Je ne recherche rien d'autre que l'intensité, mais dissemblable. Aucun idéal de fille, aucune envie de retrouver ce que j'ai vécu, perdu diraient certains, gagné dis-je. Retrouver, pour moi, c'est perdre.
Or cet après-midi, un an après donc, j'entre mécaniquement dans un lieu bien différent de celui évoqué, mais du même genre, disons. Et là, la foudre. Une fille qui fait s'écarquiller les yeux, et surtout une discussion qui dans l'esprit, et dans les rires ininterrompus, rappellent étrangement l'écho bienveillant de la fois précédente. Même configuration mais fille autre, et pourtant aussi stupéfiante. Et la date qui résonne bizarrement.
Et alors un doute: et s'il fallait tenter une odyssée du même genre ? ou pas ?
Je n'en sais rien. Et c'est ça qui me plaît. Qui me murmure que j'existe.





dimanche 16 juin 2013

On préfère pas un doliprane à une extasy !

Bon alors ça a été la semaine des joints, du Zucco en mode plongée hilarante, du Boris qui est à peu près en couple mais qui croit que non, du Seb qui part à Mayotte et puis non et puis peut-être, de Maggie qui est drôle et toute jolie, des fins de travail avec du grand ("vos cours étaient d'une puissance telle que je me prenais une claque dans la tête à la plupart de vos interventions", gravé dans le marbre ça !), de la fille du concert qui lisait, de la fille du bar qui lisait aussi, de Roxane pour les remous, du ptit gars qui le pauvre se prend sa deuxième attelle de l'année, de Morgane qui est toujours jamais là, de Frédérique pour des transports de luxe, et du cinéma !  Si je compte bien, il me reste 60 semaines de ce genre à vivre !


 Alors on commence dans la cohue des films avec Shokuzai 1 et 2 de Kyochi Kurosawa, autant dire le cinéaste japonais dont je n'ai jamais su quoi penser. Là, c'est une série qui sort au cinéma, cinq épisodes autour des répercussions d'un assassinat d'enfant. Une scène d'ouverture terrifiante et très éprouvante, puis 15 ans après les conséquences, celles qui voulaient oublier, celles qui voulaient se souvenir. En fait, un film qui suit les personnages concernées par le drame, dans leurs vies d'adulte. Un trauma étiré.   Et un film qui navigue entre étrangeté parfois lynchéenne (ce que j'ai préféré), humour inattendu, parfois proche de l'absurde, souffrance inéluctable, et recherche du meurtrier, l'ultime épisode, qui ne m'a pas totalement convaincu, comme toujours chez ce cinéaste roi des déviations appauvrissantes. On se retrouve donc devant près de 5h de film inégales mais parfois vraiment réussies, des portraits de femmes forts et intrigants, et une étude presque clinique des traces laissées par les mots et le passé. Pas chef-d'oeuvre, mais surement l'oeuvre du monsieur qui m'a le plus parlé.












Assez loin de ça, mais peut-être pas tant, le nouveau Alain Guiraudie remet en lumière l'oeuvre d'un cinéaste français vraiment atypique, à l'univers toujours identifiable mais toujours autre, que j'aime absolument à suivre. L'inconnu du lac fait le choix, risqué mais ici parfaitement réussi, du "huis-clos" même si on est dehors: un lac lieu de rendez-vous de drague homo, la forêt à coté, le parking. On ne quittera jamais ces trois lieux. Et c'est un suspense assez hitchcockien qui se met en place: un observateur détaché, et deux hommes, qui tombent amoureux (probablement) mais l'un des deux a vu l'autre tuer quelqu'un. L'attrait, la peur, le plaisir, se mêlent à cela, pour un objet filmique assez inidentifié, une parade des corps d'hommes et des scènes ultra-explicites qui arrivent à dynamiter toutes les attentes. Film hors-normes, dérangeant non par ses thèmes mais par cette façon assez unique de distiller une angoisse progressive avec les actes les plus banals, parler à quelqu'un, nager, s'aimer ou le croire,  un dernier quart-d'heure terrifiant et une fin bluffante: à nouveau je le vois pas comme un chef-d'oeuvre, mais un film à part, ça, clairement. Ebourriffant.




Autre film français en marge de tout, La fille du 14 juillet d'Antonin Peretjatko est un délire sans limite (et une incroyable métaphore de la vie de Boris, mais ça c'est réservé aux initiés !), une oeuvre surréaliste voire situationniste (Debord y est cité dans un jeu télévisé !! énorme) qui échappe à toutes les conventions. Première oeuvre, donc très réjouissante, car aucune règle ni limite n'est ici prise en compte. jeu d'acteur quasi-rohmérien (j'ai halluciné total les dix premières minutes), fantaisie libertaire sans logique ni réalisme, mais aussi vision enflammée des possibles, c'est comme un bain de jouvence, une façon de dire on peut faire des comédies comme ça dans le monde lamentable des comédies de cinéma) et c'est une bonne nouvelle. Il y a comme un héritage probablement indirect de l'univers si unique du grand Jacques Rozier, immense méconnu et laissé pour compte de notre cinéma, et rien que cette nouvelle serait un bonheur. La meilleure nouvelle restant la confirmation d'un acteur qui crée depuis quelques temps ce que je préfère: les acteurs m'indiffèrent au plus haut point, sauf lorsqu'ils construisent un univers, ce qui est très rare. Et donc on a eu Jean-Pierre Léaud pour les années 70, on a eu Mathieu Amalric pour les 90, on a eu Louis Garrel pour les années 2000, voilà enfin Vincent Macaigne pour les 2010. Oui c'est moi qui écris, ce mec est un génie que j'admire, je connais pas son oeuvre théâtrale (il est metteur en scène) mais j'admire ses prestations d'acteurs (Un monde sans femme, inoubliable !), et je m'avoue fort intrigué par son moyen métrage Ce qu'il restera de nous, une tornade hystérique comme j'en ai rarement voire jamais vu. Le voilà le seul actuellement qui sait incarner quelque chose et me rappelle que les acteurs ça peut parfois être important au cinéma.  Attention: dans quelques années, il est sur tous les sommets.



Il y a environ deux ans, mon top 10 ciné de l'année était le suivant: Les biens aimés, Donoma, L'apollonide souvenirs de la maison close, One piece strong world. Ce manga m'avait sidéré et pas que moi, d'une drôlerie, d'une invention, d'un anti-moralisme et d'un souffle d'aventure absolus. C'est donc peu dire que la sortie de One piece Z de Tatsuya Nagamine me faisait trépigner. En route un dimanche matin avec mon ptit gars pour voir ça, et si l'esprit du précédent est toujours là, l'effet de surprise a disparu et donc ce n'est qu'un demi-amour qui subsiste. Oui les personnages restent totalement délirants, oui ici tout est permis, mais comme toute invention géniale, quand on la décline il y a le risque de tourner un peu en rond...Ce fut donc bien, mais seulement bien...Même avis pour mon ptit gars, qui je crois va devenir un beau spectateur: il s'ennuie devant les rares blockbusters qu'on essaie de regarder et qu'il demande à arrêter, mais il adore Bouli Lanners, Doillon, Hirozaku Koreeda,  Entre les murs et veut voir du Kechiche !!! Oh mon ptit gars...



Constat encore plus désabusé avec Stoker de Park Chan-Wook désormais en Amérique. Hum...je me souviens de l'exil des génies de Hong-Kong (Tsui Hark, John Woo) là-bas, qui n'a rien donné. Il semblerait que ma Corée aimée prenne le relais: mauvaise idée. Donc un film qui se veut étouffant mais étouffe pas grand chose, des acteurs trop américains pour une atmosphère coréenne (je me demandais souvent amèrement ce que cela aurait donné comme électricité filmé à Séoul), un film poliment secouant qui ne fait donc que faire frissonner les fauteuils, duquel je ne sauverai que Nicole Kidman, actrice dont j'ignore quasiment tout rôle voire tous, je crois bien n'avoir jamais vu le moindre film avec elle,  qui est ici la seule à insuffler un peu d'étrangeté et de malaise. Pour le reste, le cinéma coréen se dilue ici dans le mainstream, il savait parfaitement le faire en Corée d'où son génie, ça coince vite là. Une fois de plus, à bas quasiment tout le cinéma américain grand public, et d'ailleurs tout le cinéma grand public, sans aucune exception.

Guitares à toutes berzingues: merci Girls names !!  





jeudi 13 juin 2013

Ravagé des ravages

Surtout depuis après !
"Nous n'en sommes faits de riches atours tout à rebours / sec de gazon avec humour / dans un ciel de piments sur la mer pâmée / du parfait amour que nous n'avons pas filé."