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jeudi 23 mai 2013

J'ai encore lu quelques BD...



Allez, une petite prière sans importance: qu'Abdellatif Kechiche nous console de la nullité de certains films présentés comme importants...Va falloir attendre octobre pour La vie d'Adèle chapitre 1 et 2, vie que j'ai déjà l'impression de partager...

La pieuvre de Manfredi Giffone, Fabrizio Longo et Alessandro Parodi, est une BD énorme, plus de 400 pages, et un projet énorme: raconter la lutte contre la Maffia dans les années 79-95 (à peu près): de l'assassinat d'Aldo Moro à celui du juge Falcone (en gros): Le tout sous forme d'allégorie animale, les personnages étant à tête de cochon, de coqs, etc...S'il est un peu difficile au début de s'y repérer, les tentacules de la pieuvre étant multiples, la BD s'avère vite fascinante, ultra-choquante, et désespérante quant aux chances de lutte...Radiographie d'un pays autant que de deux systèmes, cette BD a l'ampleur des grands films sur la Maffia: une épopée, mais se dirigeant vers la défaite des chevaliers...encore une confirmation de la grande forme actuelle de la BD italienne.

L'origine de la vie de Leif Tande vient d'un blog (donc normalement je m'enfuis) et s'avère très drôle: c'est encore une BD québécoise (elles pleuvent chez moi en ce moment) et c'est hilarant: la première cellule de vie nous parle...donc graphiquement je peux presque le faire, par contre l'humour et les anachronismes sont omniprésents, avec en prime quelques paradoxes bien trouvés. Ca a l'avantage de l'humour, ça détend, ça a aussi ses limites: c'est plutôt oubliable, mais franchement, je me suis marré pendant là aussi 400 pages. Rafraîchissant.




Québec encore, et retour de Zviane, l'une des auteures du très très apprécié L'ostie d'chat dont je parlais il y a peu, avec La plus jolie fin du monde, où on suit le quotidien de l'auteure, jeune fille d'aujourd'hui, entre boulot, ambitions, espoirs, amis, amour, famille, etc...rien que du très classique, mais chez elle c'est d'abord plein de vivacité, et d'humour plus profond qu'il n'en a l'air. Alors on se délecte, on se dit que ça devrait plaire à plein de filles, et on s'est régalés et on en redemande !! Vive les filles, vive le Québec, vive les filles du Québec !





Lucky in love de Georges Chieffet et Stephen De Stephano est un autre délire américain cette fin, absolument passionnant, autour d'un raté aussi maladroit qu'attachant, qui au retour de la guerre tente à la fois de s'inventer un passé glorieux, et de construire un présent à la hauteur. Echecs en vue. Très drôle, mais d'un humour bien grinçant, ultra-satirique, assez rare en BD américaine, Cette BD acide et finalement assez déstabilisante aura elle aussi su envoyer ses jolis uppercuts. En plus, c'est à suivre, je suivrai.





Dans le même genre si on veut, mais bien plus radical, Petey & Pussy de John Kerschbaum est une tornade d'humour décapant, grinçant, très provoc, et très drôle: un chien et un chat à tête humaine habitant chez une vieille complètement frappée, dissertent, boivent dans un bar, s'engueulent avec une souris, et j'en passe: c'est assez trash mais aussi subtil (le trash m'ennuie très vite, c'est tellement facile, mais ici ce n'est pas que cela): assez dégueu moralement, mais encore très tonique mentalement.

Les Fables scientifiques de Darryl Cunningham sont, a priori, un projet assez étonnant: lutter contre des abus et des idées reçues grâce à la science, en BD...donc la question de l'effet de Serres (sujet central aux USA), de l'homéopathie, du nucléaire, sont ici débattus de manière fort sérieuse: si la démarche est vraiment originale, j'ai quelques scepticismes quant au fonds, alors que je partage la plupart des idées de l'auteur: il y aurait je le crains quelques raccourcis plutôt gênants. Ceci dit, il est effarant de voir comment, aux USA, donc bientôt ou déjà chez nous, il est facile de manipuler notre opinion à l'aide d'une science mal utilisée: projet passionnant, résultat déstabilisant.



Dora, d'Ignacio Minaverry, est une BD argentine très ambitieuse, et non-finie (je savais pas): il y aura une suite: mélange de genres assez inattendus, l'adolescence, l'amitié, le nazisme non pas à l'époque mais bien après la guerre, en Amérique du Sud où se sont réfugiés nombre d'anciens nazis, cette BD aux ellipses complexes, aux dessins très travaillés, est une belle promesse, une tentative originale de mêler plusieurs thématiques devenues des classiques de la BD contemporaine, tout en les redéfinissant. C'est vraiment frustrant que ce ne soit pas encore fini, mais attendre fait partie des plaisirs des découvertes.



La colline empoisonnée de Freddy Nadolny Poustochkine est (encore !) une BD très originale, clairement coupée en deux mais où peu à peu il faut trouver des chemins cachés reliant les deux parties. D'abord, un jeune apprenti bouddhiste est en proie aux règles de cette vie à construire. Ensuite, deux ados construisent leur quotidien loin de leur pays d'origine. Et donc peu à peu, des ramifications...poétique tant par ses graphismes que par ses thèmes, très onirique et mystérieuse, cette BD ambitieuse mérite les regards...




On finira avec une BD qui m'a fait passer par bien des états (sauf l'extase) : Little star d'Andi Watson est le récit de la vie quotidienne d'un couple sans problème ni avantage particuliers, pendant l'année des trois ans de leur petite fille. Centré autour de l'analyse de ce quotidien, j'ai d'abord été extrêmement mécontent de l'image de l'enfance, de la paternité, de la maternité et du couple, puis de ce que c'est qu'avoir un enfant, qui était présentée. Puis peu à peu je me suis radouci et ai essayé de comprendre cette vision, et si je trouve que c'est empli de fausses réponses, je reconnais à cette BD de bonnes questions. Ce fut pour moi comme lire de la science-fiction: dieu sait si je ne sais toujours pas, et ne compte pas le savoir, ce que signifie concrètement et humainement avoir un enfant, mais une chose est sûre: cela ne signifie pas ce que montre cette BD. Très stimulante, donc, mais je dirai involontairement. Décidément, la représentation de l'enfance, dans l'art, est souvent source de grognements de ma part !! Mais puisque je ne lis surtout pas pour être d'accord avec l'auteur, ni pour être en désaccord, surtout pas non plus,  alors, ça va !

On restera au Canada pour la musique, les géniaux Do make say think passent la semaine prochaine à Bordeaux, je devrais y être !




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