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lundi 20 mai 2013

Le passé n'est pas passé



Qu'on se le dise en préambule: pour moi, Asghar Farhadi est un très grand cinéaste, bien sûr j'ai été impressionné par son film le plus connu, Une séparation, mais j'avoue aimer encore plus le si étrange A propos d'Elly (un des plus beaux films de ces dernières années sur le mystère), et j'ai vu il y a peu le stupéfiant La fête du feu, à la mise en scène incroyable. Mais, et ce n'est pas souvent que sur mon blog j'en viens à parler d'oeuvres que je n'ai pas (su) aimé, là clairement Le passé ça me pose questions...
Je ne doute nullement de la sincérité de l'auteur quant à son projet: j'ai du mal à imaginer ce monsieur courant après les tendances ou le succès; et pourtant c'est l'impression qui reste de ma vision: une telle fadeur, il faut bien en trouver des raisons.
Après Jeff Nichols et Wong kar-Waï, je m'attendais à un nouveau feu d'artifice d'un maître, mais là les pétards étaient mouillés: il faudra attendre après l'été pour retrouver Desplechin et mon adoré Abdellatif Kechiche...Farhadi a donc voulu poursuivre ses thématiques, mais il a changé les outils, et ça change tout. Son film, pour moi, ne décolle jamais, pire: reste vraiment au sol, parce qu'il accumule tout le milieu qui mine le cinéma depuis quelques temps. Il est un signe, plus qu'un échec. D'un côté il y a les gros films, ils s'annoncent, laissons-les jouer avec leur vacuité. A l'inverse, il y a les marges, ou les ailleurs: qu'elles vivent encore longtemps. Et puis il y a le centre, pour rien. Sauf que chez nous ce centre veut depuis longtemps un peu plus. Alors ses représentants les plus pitoyables (Jeunet, Klapisch, Jacques Audiard, Patrice Leconte, Kassovitz, Hazanavicius, Canet, et j'en oublie, tant mieux) se veulent en marge quand ils n'y sont plus, ou n'y ont jamais été. Et dans le dernier Farahdi, c'est ça qui fagocite tout: ce monde du centre a tout endormi, on a un film bon pour les Oscars, bon pour la télé, bon pour les profs, bons pour ceux qui se disent tiens on va aller se poser des questions devant un film fait pour ça, et pendant 2h10, rien ne se crée, rien ne se passe, rien ne se transforme. Le cinéma du centre a gagné, le film est porté par toute une presse (Première adore: tous aux abris !!), tout un engouement, engouement qu'on cherchait vainement quand le monsieur ne faisait pas des films que ces gens-là regardaient, on le pressent pour des prix à Cannes: ben tu m'étonnes, c'est du cinéma "d'auteur" à la Spielberg: du chamallow offert sous la prétention d'une pierre de rosette. Et moi, ça me fait vomir. Allez, Bérénice Bejo, repars jouer avec l'oscar de Jean Dujardin en continuant à croire que vous êtes des artistes, moi je retourne dans les joyeux ailleurs des cinémas minoritaires avec mes aimés: Desplechin, Kechiche, Honoré, Mikael Hers, Djinn Carrénard, Claire Denis, Carax, Bertrand Bonello, Pascale Ferran,  Héléna Klotz, et j'en oublie tant, on va construire de beaux châteaux. Sans vous !

Et grande nouvelle: Ghostpoet est de retour, et ça ya pas plus cool !





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