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dimanche 31 mars 2013

En ce moment mon quotidien se prénomme électricité

" Du rêve naît un autre rêve:
- Tu vas bien ? Je veux dire: tu es vivant ?
- Comment savais-tu qu'à l'instant je dormais, la tête sur tes genoux ?
- Parce que tu m'as réveillée en bougeant dans mon ventre. J'ai compris que j'étais ton cercueil. Es-tu vivant , m'entends-tu bien ?
- Est-ce que cela arrive souvent que je sois tiré d'un rêve par un autre rêve , qui explique le premier ?
- C'est ce qui nous arrive à toi et à moi. Es-tu vivant ?
- A peu près.
- Les démons t'ont fait mal ?
- Je ne sais pas, mais il reste du temps pour mourir.
- Ne meurs pas tout à fait !
- J'essaierai.
- Ne meurs jamais !
- J'essaierai.
- Dis-moi: quand est-ce arrivé ? Je veux dire: quand nous sommes-nous rencontrés ? Quand nous sommes-nous séparés ?
- Il y a treize ans.
- Et nous nous sommes revus souvent ?
- Deux fois. Une fois sous la pluie, et encore une fois sous la pluie. La troisième fois, nous ne nous sommes pas rencontrés. J'ai voyagé, je t'ai oubliée. Je viens de m'en souvenir, je viens de me souvenir que je t'ai oubliée. Je rêvais.
- Moi aussi, c'est pareil. Je rêvais. J'ai eu ton numéro de téléphone par une amie suédoise qui t'a rencontré à Beyrouth. Je te souhaite une bonne nuit. Pense bien à ne pas mourir. Je te désire toujours. Quand tu vivras, à nouveau, je veux que tu me parles. Comme le temps passe vite, treize ans ! Mais non, cela s'est passé cette nuit. Je te souhaite une bonne nuit."
                                                                                        Mahmoud Darwich


 

mercredi 27 mars 2013

Je suis en retard mais bientôt j'aurai tout le temps...

Allez allez, mon ptit gars a une attelle après 6h passées à l'hôpital le pauvre je proteste je suis contre, j'ai plein de livres dont je dois parler mais j'ai pas le temps, j'ai lu quelques BD mais c'est pareil, la bibli réouvre bientôt je vais faire de ces razzia, jvais à Montpellier bientôt voir l'indien Boris, je dois voir Seb et Agnes mais j'ai pas le temps, je veux fumer des joints avec Morgane mais elle doit poser un cadre, ya bientôt le vernissage de l'expo de Lily et ça c'est cool, je dois prendre mes billets pour aller voir les cousins et surtout Ptite cousine avant de m'envoler pour la Bulgarie, j'ai vu Cody Chesnutt en concert hier et les filles elles aiment vraiment la soul music,  j'ai reçu de bien jolis SMS, non je ne regarderai pas plus de 11 minutes d'un film grand public, et et et...bientôt j'ai 14 mois de vacances, et ça, tout le monde le sait, c'est la vocation de ma vie professionnelle enfin atteinte !! Ceci dit, je cède cela contre certaines photos, yen a un seul qui comprendra !!

Allez allez vite vite quelques livres trop vite évoqués..

Puisque je n'ai toujours pas lu Le diable tout le temps, je commence par le recueil de nouvelles Knockemstiff, un hallucinant défilés des largués, paumés, cinglés américains profonds (mais très très) de l'Ohio, et plus précisément de cette ville où habite Donald Ray Pollock. Bon eh bien, j'irai pas passer mes vacances là-bas, mais comme matériau littéraire, c'est excellent: les white trash et autres rednecks qui peuplent ce recueil sont tous plus hallucinés et barjos les uns que les autres, c'est une vertigineuse descente dans les bas-fonds, c'est un bon, cet écrivain-là...




Plus léger, plus pop, Pierrot-la-gravité d'Isaka Kotaro est un chouette livre entraînant dans le sillage de Murakami le grand: donc du délire, donc des aventures, donc des dialogues et des situations décalées. Bien sur on reste loin du génie du maître, mais quand même: c'est un livre frais, plaisant, drôle et surprenant. Bonne pioche, même si c'est pas un as.







Autre bonne surprise sur laquelle j'aurais pas parié: un court roman chez Minuit, Ma chère Lise, de de Vincent Almendros. Réécriture sautillante de Lolita ? Ou refonte amusée des amours entre le presque adulte et l'ado plus mature que la norme ? En tout cas, d'un tel cliché (littéraire, hein, dans la vraie vie, c'est quelque chose !!...) ce livre se déprend joliment et livre un récit drôle, piquant, étonnamment décalé, et finalement fort inventif. Une heure, mais vraiment pas pour rien. un petit coup de coeur, je l'avoue avec sourires.




Une fille, qui danse. Ah ! c'est avec ce titre (sublime !) que je découvre Julian Barnes, auteur que j'ai toujours évité gentiment sans grande raison. Qu'en dire ? c'est anglais, bien ficelé, préparez-vous au retournement...mais ça m'a pas transcendé: je crois que j'ai un peu de mal avec les trucs genre attention, il va y avoir une surprise ! Pas détesté du tout, pas adoré non plus, mais je crois que je sais pas lire comme il faut cet auteur !





L'inoubliable d'Eduardo Berti confirme le premier recueil lu: si vous aimez les nouvelles à la Borges ou à la Quiriny, précipitez-vous, c'est plein d'inventions, de torsions de la réalité, d'étonnements.








Vous connaissez Tony Duvert ? Moi non plus. Donc merci à Gilles Sebhan pour Tony Duvert l'enfant silencieux. Donc, fin des années 70, il fut une sorte de proto-Rimbaud du roman, une météorite venue de nulle part, prix Médicis grâce à Roland Barthes (inimaginable au vu de la nullité des prix des vingt dernières années, là c'est un vrai auteur apparemment), et peu après eh bien, il se retire ruiné dans la maison familiale perdue dans la campagne (pas à Langoiran quand même), et plus rien, plus un mot, et vingt ans plus tard il meurt seul et il faut un mois pour que son corps soit découvert décomposé dans la maison...Bigre ! Cette biographie assez poétique lui rend un hommage visiblement mérité, c'est beau à lire, et inutile de dire que ça donne envie de découvrir l'oeuvre de cet homme.


Mon premier roman nigérian est l'oeuvre d'une femme, Chimamanda Ngozi Adichie,  ça s'appelle L'hibiscus pourpre, et c'est excellent. Une histoire qui cogne, celle d'une jeune fille et de son frère dans une famille très croyante, pendant un coup d'état. Puis peu à peu, l'affrontement avec le père, la croyance, le monde...Elle l'a écrit très jeune et ça se voit pas: car il y a une fougue à parler de libération, mais aussi des arrachements terribles et des cicatrices que laisse une libération: à mille lieues du manichéisme, un livre fort, va falloir creuser l'oeuvre de cette (très belle) dame. Très très recommandé.





Et enfin quand on est allé à Lisbonne avec ptit gars, j'avais mon roman portugais de service, et bonne pioche encore ! Le bon hiver de Joao Tordo est un thriller très efficace, dans lequel un écrivain bien raté se retrouve embarqué vers la maison d'un producteur de films bien riche, qu'il ne verra jamais puisqu'il arrive...mort. Et hop un huis clos avec plein de mystères, de retournements, un vrai roman noir avec suspense et construction habile: excellente découverte.





Un groupe de filles qui chante des chansons mélancolique ?? Je peux pas pas écouter ! Et aimer !! Aussi essentiel déjà qu'à la grande époque Belle And Sebastian. Vive Daughter...






vendredi 22 mars 2013

FIIIIIIIREEEEEEEWAAAAAATEEEEEER !!!!!

Et Hop, je rentre ébloui du meilleur concert vu depuis longtemps ! Firewater !

Bien sûr là le son est pourri, mais un groupe capable de produire cet effet sur les filles, c'est un groupe génial, point barre. Ah Boris, que n'étais-tu là ??!!!


mardi 19 mars 2013

"En quel lieu nous viendra le souvenir de cet instant ?"

Bonne pioche cinéma ces derniers temps...



On commence avec le très fort et remuant documentaire de Lam Lê, Cong Binh, ou deux heures à suivre les archives mais surtout écouter scotché de très vieux vietnamiens, tous âgés de 90 à 103 ans, pétillants de jeunesse pourtant, évoquant l'enfer que fut l'introduction du colonialisme dans leur vie. En 1939, chaque famille de trois enfants devait fournir l'un de ses garçons à la France pour aller travailler dans les usines, remplaçant les soldats. Oui mais la guerre si vite perdue, ces pauvres hommes vont se retrouver coincés, exploités, baladés d'usines en usines, puis à la Libération à nouveau coincés, s'organisant peu à peu grâce aux trotskystes, voulant rentrer dans leur pays visant l'Indépendance, mais rejetés là-bas car considérés comme complices du colonisateur. Bref, des vies laminées par l'Histoire ou plutôt les Histoires, et qui enfin ici, si tard, viennent enfin dire. C'est donc un documentaire passionnant, glaçant, éblouissant devant la dignité de ces hommes, sidérant par la folie de ces destins constamment entravés. Une page de notre putain d'Histoire dont j'ignorais tout et qu'il m'a été salutaire de découvrir. Essentiel.



Autre maudit d'une histoire bien moins importante, mais tout aussi révélatrice: j'ai vu les 3h40 de La porte du paradis de Michael Cimino ! Ce film maudit, qui fit couler une partie d'Hollywood (ha ha ha, vivement que ça se reproduise), qui lança tant politiquement que cinématographiquement la navrante vague tellement plate des blockbusters, ressort dans une version définitive et remasterisée. Et ?...et ouiiiii...grandiose, terrible, stupéfiant quand on voit combien toute la grammaire actuelle des "films" d'action s'est construite contre ce cinéma-là...donc des plans-séquences étirés en veux-tu en voilà, qui permettent de scruter presque entomologiquement nos existences et nos coeurs, un scénario tellement politique sur la naissance d'une nation et surtout du capitalisme qu'on n'en revient pas que Hollywood ait pu le financer, des personnages qui existent grâce au temps pris pour les découvrir, un principe métaphorique génial, l'Amérique réduite à un micro-village boueux, une seule scène d'action de 20 minutes tellement réalistes qu'on y voit presque rien à cause de la poussière (Ah qu'il est bon de pas avoir les moindres effets spéciaux dans un film Hollywoodiens), bref: de la pure intelligence mise en scène. J'ai lu ici ou là que le film avait vieilli, qu'il se traînait: bien sûr que non, car prendre le temps fait gagner de l'humain, et surtout parce que c'est le regard des spectateurs qui vieillit les films, ils ont la jeunesse éternelle, puisqu'on n'y vieillit jamais à chaque rediffusion. Le porte du paradis ? J'y suis entré et c'est régénérant.



On finit avec Au bout du conte d'Agnès Jaoui. Ah ouf même si c'est pas ici qu'il y aura une nouveauté radicale bien sûr, il subsiste donc des essentiels: oui une telle femme peut encore tourner des films aujourd'hui, en tout cas chez nous, oui on peut encore faire du cinéma sensible, intelligent et accessible, oui on peut regarder nos existences avec sourires et cruauté, avec tendresse et coups de poing, avec profondeur et aisance. Et puis on peut aussi filmer ici le vieillissement sans honte, voire avec courage, à dégager la pseudo-beauté des "acteurs" pour magazines, on peut jouer avec les contes pour en faire des reflets de notre quotidien, et on peut donc se dire que cet univers-là, ça fait vraiment du bien qu'il existe. Un film à prendre dans ses bras avec tendresse et gratitude.

Hallelujah ! Ma rockeuse préférée est de retour avec son dixième album, et pas de doute: c'est toujours tendu comme un arc électrique,  c'est toujours parfait, c'est bientôt en concert, et c'est définitif: la plus grande des rockeuses, c'est Shannon Wright...(pas de morceau trouvable de son dernier album, retour aux grands classiques alors...)




dimanche 17 mars 2013

Grands soirs, grands matins et grands après-midi


Quinze jours comme ça, j'en redemande !
Le grand indien Boris est venu et bienvenue aux ouragans des amitiés: on a parlé parlé parlé, on a ri ri ri, on a fumé des joints fumé des joints fumé des joints, on a bu bu bu, quand il est parti j'ai dormi presque 20 heures fallait rattraper, et surtout on a constaté qu'on a peut-être attendu de nombreuses années avant de se rencontrer, mais c'est pas pour rien: histoire déjà à suivre, je file à Montpellier dans pas trop longtemps !
 Inoubliable.
Bonus stupéfiant: le passage express de mon frère du bout du monde Benoit, la seule personne que je connaisse qui est censée vivre à Jérusalem et débarque chez moi à l'improviste entre un train et un avion. Il l'a écrit: ce fut un "moment modeste et génial". Yes !
 Et pour finir envol avec mon ptit gars pour Lisbonne où on a ri ri ri, marché marché marché, bien mangé bien mangé bien mangé, et été heureux été heureux été heureux.
Et je le reste.

Dans la semaine j'ai plein de livres et films à évoquer, mais pour l'instant, allez, maître Alex Beaupain revient avec un nouvel album, et même s'il se trompe en étant déçu par les matins, que c'est beau de toujours l'entendre si près de nous tous...


vendredi 1 mars 2013

"Ca va pas être cool, ça va être culte"

Pas souvent qu'un garçon est à l'honneur dans mes pages ! Mais le vieil indien Boris, je l'ai croisé il y a quelques mois chez le Zucco à Montpellier, il m'a dit presque aussitôt qu'il viendrait à Bordeaux, et s'il y a des gens qui disent ça et ne font, rien, lui, parce que "dans la vie il y a des rencontres", il arrive lundi soir et oui ça va être culte: grande semaine en perspective. Surtout qu'en plus dimanche je fête mon pré-anniversaire avec Morgane la revenante, et mon post-anniversaire mardi sur la lune. 
Alors pour illustrer tout ça, en avant la Parade de Rone, un morceau qui musique exactement mon état d'esprit: marcher trois centimètres au-dessus du sol...