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vendredi 23 août 2013

Petit blog, sois mis ! (en vacances !)

Comme à peu près tous les restos-bars-magasins cool de Bordeaux, ce blog prend ses quartiers d'été (ouais, quand l'été se termine bientôt, et alors, ça se termine un été ?!) pendant une quinzaine de jours, en plus de la semaine là-passée. Déjà un blog ça se repose (et moi donc putain !!!), ensuite je file à la mer avec mon ptit gars et le vieux Pascal and son, enfin comme je bosse (ouais ouais je blague pas) j'ai pas trop le temps de lire en tout cas je me vois mal parler ici du Rouge et le noir (encore que...), et la rentrée cinéma c'est pour bientôt donc yaura de quoi dire en septembre. Allez, rideau et à très bientôt !

Et du hip-hop-saute-un-peu-partout pour l'occasion...



Et puis un peu de beauté piano-cordes avec le génial album de Bill Ryder-Jones que je découvre enfin en retard, et c'est beau !

Et pour finir une de mes chansons préférées du monde d'un de mes albums préférés du monde, le seul et unique à jamais de ce groupe seul et unique à jamais...

vendredi 16 août 2013

Parfois ya des moments comme ça

Ya du soleil, j'ai marché au marché, et hier ya eu du téléphone (4 heures, records battus haut la main haut les coeurs), je jongle dans ma cuisine entre trois trucs mais ça chut, je connais (et pas que ça...) une furie qui se dévisse les yeux devant son écran, je trouve une tondeuse mais pas pour la bonne date, je dois ressortir parce que lundi-semaine prochaine, et puis aussi oh là là justement à propos de cette semaine ya des filles qui m'écrivent en SMS les choses les plus douces et gentilles et souhaitables et pas que pour moi (Flo, ça fait 7 ans que je bénis l'univers de ton existence, Alice ça fait moins longtemps et tu m'as jamais aidé dans mes plans cette année mais jte pardonne !), au milieu de tout ça je bosse (oui oui moi je bosse), et puis je ressors un vieux disque, et j'avais oublié que derrière yavait celui-là, et là je relève mon nez du livre, et je balance le livre allez !, parce que ce morceau je réalise juste qu'il tombe très bien. Et c'est bien quand les choses tombent bien: ça aide à tenir debout - si besoin était - pour l'instant, non. C'est tout ! C'est pas rien !


jeudi 15 août 2013

Non mais sérieux, tu l'as acheté dans quelle fête foraine ton miroir déformant ??!!

" Bon alors écoute moi, je vais te dire quelque chose de banal là..."  (et là, franchement, si je recopie ton monologue, chaque personne, chaque extraterrestre, chaque chèvre interrompant brusquement son numéro 26 (la chanceuse !), qui lirait, immédiatement courrait, soucoupevolanterait, sauterait vers un dictionnaire vérifier la définition du mot "banal"). Tu fais pétiller mes yeux dans ma tête.


L'heurt des choix.

"Même si tout ça doit finir mal, je suis enchanté de vous connaître madame"   (avait)
 
Il y avait-aura les occasions réussies et/ou l'évidence manquée. Ca peut être l'inverse.
Il y avait-aura un retour à la case arrivée, un départ pour la case tout-autre. Pas un jeu de piste, mais la piste du Je (là, il y en a deux: Je et Je, l'un des deux est Tu, et vice-versa)
Il y avait-aura le je ne sais pas remixé pour rien en certitude (Mon oeil. Le tien).
Il y avait-aura les rues et les montagnes, les arbres et les feuilles perdues, une carte postale et quelques livres, des bières, des cigarettes. Des moments. Du feu et de la fumée. Pas des-cendre(s). Oh oh oh les coeurs...
Il y avait-aura sourires qui embrasent, masquent, assèchent, transmettent, coïncident, lient, isolent, révèlent, embrassent. Faut trier ?
Il y avait-aura fragments. Chevilles, genoux, poignets, doigts, oreilles, épaules, image dans le dos. Le tout ça s'invente. Pas infaisable. Le Préférable ?
Il y avait-aura davantage d'yeux que de(ux) mains. C'est pas parce que ça ressemble aux hiers que ça fait fuir les demains. Mais gare (putain de...). M'égare ? Ben non, j'ai des angles, et pas morts. Diablement vivants, mes angles. Viens voir.
Il y avait-aura le brasier. La nuit, dehors. D'eux hors, enfin. Dis donc, pour moi, pas pareil oh là là. Pour moi aussi. Et ça pourrait pas faire tomber les non non je suis pas ?
Il y avait-aura tout autre. Mais pas trop quand même finalement, alors du coup parfois c'est un peu pareil. Au comme autres ? Excès ? Pas de vitesse, mais de contrôles ? Ralentir peut arrêter ? Allez, tout. Autre.
Il y avait-aura les chants les mots d'animaux de la jungle. Mais entendre, c'est pas toujours forcément écouter. Tendre(s) oreilles. (Les tiennes ah les tiennes !).
Il y avait-aura tous ces mots à pas dire mais tout le reste qui le crie. Les échos ça peut porter loin. Ou s'évanouir.
Il y avait-aura ces phrases qui bousculent les doutes ancestraux crus ancrés. Le règne du mieux. Faut lustrer les couronnes, pas laisser se ternir les joyaux joyeux.
Il y avait-aura Je-Tu. A aimer ces deux là. Devoir de vacances ? Trop court.
Il y avait-aura Ici-et-Maintenant. Pas oublier passés, ça compte (mais ça détermine rien). Pas négliger futurs, ça horizone.
Il y avait-aura cheveux, noués, dénoués, traversés, sentis, longs, longs. Eux, des chemins. A suivre. Noués, dénoués. Oh ? Ils seraient une clé ? Une métaphore en pure présence ? Dénouer ? Défaire des noeuds ?
Il y avait-aura liberté. Elle s'oppose pas à lui, là, le grand mot. Elle l'accompagne, ça crève les yeux. Pas jouer les Oedipe. Ouvrir grands.
Il y avait-aura l'été. Pas un calendrier saurait dire stop. C'est la voix-le coeur-le je suis-le tu es aussi qui égratignent le temps connement découpé. Pas exclu - faut pas croire, jamais - de faire du trampoline sur des rebonds de plus longtemps.
Il y avait-aura les sommeils trop courts peux pas dormir. Ca donne pas du tout envie des longs repos qui cachent et crachent l'ennui. Qu'ils se reposent, tous les autres.
Il y avait-aura écris, M....., écris. Ben lis, M......, lis. Mais vraiment. Lis toi enfin.
Il y avait-aura pas d'hommage. Et pas dommage. Assez constaté quand même que finis les opposés depuis... "nous" (?).


"Ernst Bloch nous appelle au désir de l'extrème et sait nous montrer que seul ce désir est créateur de réalité. Et en ce désir, en cette réalité humaine auto-créatrice, ce qui prend forme est la plénitude parfaite de l'accord avec soi-même."      (aura)







mercredi 14 août 2013

Jamais vu (comme) ça.

Jamais vécu (comme) ça. Jamais connu (comme) toi. Jamais su rêver (aussi bien que) ça.


mardi 13 août 2013

Les deux oubliés de l'été

Ma vieille tête vieillissante les avait oubliés dans les lectures de l'été, je me rattrape, même si l'oubli fait partie de la mémoire paraît-il.



Je sais pas pourquoi il s'est retrouvé chez moi celui-là, mais L'homme sans postérité d'Adalbert Stifter, inconnu au bataillon, a bien fait de venir. Roman allemand du XIXème, auteur admiré par Nietszche (Ah bon ?!), ce court texte très étrange raconte (un peu) le départ de sa maison d'un jeune homme, juste après une dernière fête avec ses amis, et des aux-revoirs troublants et avec baiser avec sa soeur de lait. Où va-t-il ? pourquoi part-il ? On ne sait trop, mais il part, accompagné d'un chien, traverse des paysages étonnants, pour arriver à la maison perdue d'un oncle, sorte d'ermite-sage-initiateur froid comme un glaçon, et sec comme un campement militaire. Il y restera quelques temps, dans une ambiance sombre, mystérieuse, comme entouré de regards alors qu'il n'y a personne. Une sorte de communication s'établira peu à peu avec le vieil homme, une sorte de bilan sur les origines et sur les émotions, puis il repartira vers chez lui, alors qu'il devait aller à la ville prendre son premier emploi. Et donc il y a le retour.
Ce court texte vraiment bizarre, mais assez envoûtant, semble nous dire qu'en peu de temps si tout bascule c'est toujours pour avancer. Suggestion plaisante, entraînante probablement, à propos de laquelle je n'ai aucune idée. En tout cas, ce livre se déguste comme une ballade en forêt obscure, un peu inquiétant, un peu fascinant, avec la certitude qu'à la sortie, quelque chose aura changé.




Plus classique mais en fait non, le fort intéressant roman de Florence Seyvos (madame co-scénariste de Noémie Lvovsky et ex-madame Desplechin, le livre lui est dédié) Le garçon inclassable se lit tout seul et reste dans plein de coins de la tête. S'il faut un peu de temps pour saisir au début, c'est parce qu'il y a deux histoires forcément disjointes mais qui se chevauchent, et surtout peu à peu qui font écho, sans qu'il ne soit jamais dit explicitement lequel.
D'un côté, une histoire de famille centrée autour de la figure d'Henri, qui est le fils du deuxième mari de la mère de la narratrice, enfant à part tant physiquement que psychologiquement, vivant dans un centre. De l'autre, la vie de Buster Keaton (oui oui). Vie à propos de laquelle je ne savais rien et qui est stupéfiante, du début à la fin. Le lien, donc, ce serait cet aspect incassable. Une idée là-aussi qui me laisse plutôt sans mots, comme si certains êtres pouvaient savoir tenir debout quand rien ne leur permet, ou ne permet plus beaucoup de le faire, une sorte de non-combat total puisque de toute façon, par certains côtés, ils s'avèrent incassables. Le livre est vraiment simple et beau, se dévore en un après-midi, suggère plutôt qu'expliquer, et m'a donc été une jolie surprise du mois de juillet. Faire réfléchir avec simplicité, une qualité. "- Tu as vu ? lui demanda-t-il. - Quoi ? - Eh bien, je suis là"

Depuis des années je considère les Walkmen comme un de mes groupes les plus aimés. je croyais que ça voulait rien dire de plus que ça. Maintenant, je commence à me demander si je les ai pas tant chéris pour une autre raison. Je sais pas si ça me fait plaisir ou si ça m'inquiète.



lundi 5 août 2013

C'est pas bien loin ici, c'est plus trop tard maintenant

Partir loin, partir proche, décalages horaires en moins en plus tout pareil, il est où Greenwich, messages pas messages mails pas mails, la voix les silences les mots encore ça se promène, les échos ça marche bien aussi,  âge pas âge, du balai, épousseté tout ça. Non mais. En conséquence, oui.


vendredi 2 août 2013

"Ne réponds pas". Je n'ai pas répondu. Magique.

"Lorsque tu me tournes ton ombre, peut-être donnes-tu à la métaphore le sens tangible de ce qui adviendra sous peu..."
 
 

Rond-point du premier matin, géographies tactiles des premiers soirs

Depuis quelques semaines, je ne saurai dire dans quels voyages je suis propulsé, tout est avions (mode), trains dans les constellations, rollers sur herbes folles, deltaplane en centre-villes, fusées sur canapé, trottinettes en montagnes, voitures pour les confins, sentiers pédestres à tire-d'ailes, parachutes dans les vertiges, entrechats sur précipices, trampolines dans la tête, apesanteurs dans les âmes, décollages au milieu des ravins, Icare cette fois-ci ne tombe plus mais brûle, transports à dos de libellules, et méditations auprès de ton ouïe hypersensible.  Voyages ? Immobile auprès de, j'aurais entrevu les plus lointains et les plus tout contre. 
Et puis je pars tout seul comme un moi, routard en poche et plein d'interrogations et d'envies, dans quelques jours en Bulgarie, voyage uniquement terrestre ("Je n'ai plus soif. J'ai les deux pieds sur la terre..."). Une escale chez les cousins parisiens enfiiiiiiin, avec rencontre avec petite cousine enfiiiiiiin, comme d'habitude je rate msieur Aurélien qui quand je lui propose un resto ou un bar me répond qu'il sera à cette date dans le désert ouzbeck (alors attends là, je relis calmement, ah ben oui ya bien écrit ça, bon ben pas de bar alors), et puis envol: au menu, Sofia - Koprivchtitsa - Plovdiv - Veliko Tornovo - Monastère de Rila peut-être - Sofia. Onze jours de solitude mais pas solitude, d'errance mais pas d'errance, ça va faire vraiment bizarre mais ça va faire vraiment vie. Et puis contrairement à mes voyages précédents, mon retour à Bordeaux s'appelle déjà tous les départs.L'Internationale féérique va encore frapper-caresser-murmurer-danser-être là.


Bon, à l'unanimité de trois, le livre de juillet sera d'une certaine façon cet absolument décoiffant Petite table, sois mise ! d'Anne Serre ! Inconnue au bataillon, choisi sur la foi d'un petit papier d'une bibliothécaire croisée ensuite et toute heureuse que quelqu'un l'ait pris ("il a fait vive polémique ici !"), c'est avec grand scepticisme que je l'ai entamé. Cinquante pages d'une sorte de conte érotique (au sens très fort du terme ! Disons plutôt orgiaque et partouzard, mais en famille s'il-vous-plaît !!) familial absolument débridé, en tout cas c'est ce qu'on croit dans la première partie. Un délire je l'avoue jamais lu par moi, un déluge sexuel à plusieurs enfin tous et toutes, filles, père, mère, visiteurs, dans une langue (hum...) unique, sans préoccupations morales ni désir de choquer. On quitte le monde, clairement, mais après tout c'est l'une des fonctions des contes. Puis un contraste brut avec la suite, sorte d'interrogations sur les méandres du coeur et du cerveau après cette enfance (?), cette part de vie plutôt. 
Je crois bien que c'est la première fois que je vois deux personnes chez moi lire un même livre en si peu de temps (certes il est court, mais Boris ne lit pas d'habitude, et Marina on se connaissait même pas). Boris n'en décrochait plus, y revenant sans cesse, beaucoup plus concentré lorsqu'il le lisait en caleçon aéré, comme devenu absent du monde. J'en suis presque venu à me demander s'il nous a bien tout raconté à propos de son repas au bord d'une piscine, entouré de quatre enfants et d'une dame aux robes parfois bleues. En tout cas le livre ne peut laisser indifférent, chacun y trouvant ses mots à écarquiller les yeux et les zygomatiques. Pour Marina, ce fut la mère se peignant la toison (je cite Anne Serre) devant ses filles, pour Boris, le Docteur Peloux et les deux frères dont j'ai oublié le nom. Voilà donc le livre de l'été, à partager en toutes immodérations.



Tant qu'on est dans les contes, place au très beau et finalement très complémentaire Adieu à ce qui vient de Pierre Cendors, magnifique texte se déroulant dans une Venise atemporelle, où surgit un soir un inconnu autour de qui les questions de l'amour, du désir, et de l'absolu vont se concentrer. Quête éperdue où rien ne se perd, ce à nouveau petit livre est un enchantement. Subtilement écrit, truffé de petits trésors cachés, parvenant - exploit pas mince - à sortir des balises du genre, retraduisant le mythe d'Amour de de Psyché (c'est pas moi qui le dis, c'est lui), voilà un bien joli diamant discret, une pierrerie de bague, qui n'en finit pas de hanter de plaisirs et d'interrogations le quotidien. 
 


Le baiser peut-être de Belinda Cannone a été pris parce qu'il se trouvait sous mes yeux, dans une collection que je ne connais point, qu'il a un beau titre, et que j'avais lu un essai étonnant de cette dame déjà (L'écriture du désir). Divagation libre autour du baiser, tant littéraire que vécu, ce livre est comme une promenade, avec ses neutralités et ses surprises. Truffé de références et de douceurs, on dirait une conversation  de crépuscule, dit ainsi c'est un compliment bien sûr.



N'oublions pas mon voyage: j'étais tombé tout content sur Les âmes baltes de Jan Brokken, dont j'avais entendu parler: je croyais que c'était un texte de voyage en Lettonie, Estonie et Lituanie. En plus c'est chapitré, je me suis dit que j'embarquerais pour la seule Lituanie puisque je connais un peu. Et puis tout faux: en fait ici le voyage sert à évoquer des figures, connues ou peu. Et ce livre devient autant récit, biographie, légende, histoire, géographie, journal intime, exercices d'admiration, à travers quelques existences - dont pour la plupart j'ignorais absolument qu'elles avaient origines là-bas: Romain Gary, Eisenstein, Rothko, un libraire, Hannah Arendt, Kant, une jeune fille de 22 ans au destin historique...J'ai donc lu ce qui concernait la Lituanie comme prévu. C'était magique, simple à lire, toujours étonnant, riche à assimiler. J'ai donc ensuite tout lu, les 400 pages, comme imprévu. Et c'était magique (ça ressemblait à quotidien désormais). 



Voyage encore, et hasard tu vas me lâcher oui ? Légèrement seul du suisse Daniel de Roulet, inconnu pour moi se trouvait juste à côté de Petite table sois mise !. J'aime bien le titre, je retourne: l'écrivain se lance à pieds sur une partie du parcours de religieux irlandais du XIIème siècle, à l'orgine de la construction d'églises dont j'ai bien sûr oublié le nom. Mais ce qui retient mon attention, c'est les lieux: il traverse la Manche et le Calvados, où j'ai vécu il y a quelques années: ces villages, villes petites inconnues, mais que je traversais pour aller travailler (et croiser un Zucco qui s'installerait dans ma vie !). Alors je prends et je lis. Ecrit au jour le jour, ce journal libre est un réel plaisir, parlant des lieux, du monde, du passé, de l'humain, de la marche, la solitude et l'isolement, les rencontres, mordant constamment le guide du routard (très drôle et vivifiant), et embrassant constamment les routes et les chemins. Plus que bienvenu: à sa place, exactement.



Un ptit détour en Haïti pour un roman puzzle comme c'est aimable, Yanvalou pour Charlie de Lionel Trouillot, ou le portrait d'un homme, d'un pays, d'un passé et d'un présent, à travers quatre regards et monologues. Quatre personnages peu voire pas liés (croit-on) pour dire les ramifications d'une existence, les chemins détournés, les mensonges crus obligés, les troubles de l'identité. Un roman psychologique et d'un pays, qui peut se lire comme un polar, des fouilles archéologiques, un kaléidoscope, ou un album-photos. Ca fait un moment que cet auteur me tourne autour, parce qu'il a écrit un livre qui s'appelle Tout bouge autour de moi. Me voilà enfin, et vous surtout, msieur Trouillot.



On approche de la fin avec (et pas en, putain non !) Fantômes de César Aira, ou à-nouveau-que-serait-on-sans-Cyril ? Comme d'habitude quand un roman sud-américain est entre mes mains, c'est SMS: Cyril, César Aira, c'est bien ? Ah je connais pas. OK. Deux minutes après: selon Bolano, un des trois ou quatre auteurs actuels les plus importants. En avant. Voilà assurément le roman le plus étrange lu depuis longtemps, et si ces sms n'avaient pas existé, je serai pas allé jusqu'au bout. Quels torts j'aurais eus. Le livre se "déroule" sur un chantier d'immeuble que des familles viennent visiter, elles y auront bientôt leur appartement. Un déluge de personnages est évoqué, ouvriers, locataires, sans qu'on sache très bien pourquoi. Puis on se rapproche (un peu) d'une famille et des enfants et ados qui la composent. Toujours par touches impressionnistes. Puis des fantômes sont là aussi, hommes nus pas du tout comme les fantômes qu'on connaît. Et dans cette seule journée évoquée, où on a l'impression que peu se passe, l'auteur va pulvériser ce qui pourrait être vu comme un temps léthargique, un temps de latence. Il va par ses réflexions, parfois stupéfiantes de justesse et de profondeur d'analyses, élargir cette journée évoquée en une sorte de réflexion sur comment on vit, et comment on se vit. Au final, le livre est certes ardu, surtout au début, court, très déstabilisant, car il ne ressemble à rien que je connaisse, tendant plus vers l'abstrait ou le poétique, mais il est surtout d'une originalité et d'une richesse qui me donnent envie de courir vers les autres César Aira que je trouverai. Voilà qui donne gratitude d'avoir été Bolano, et qui donne bonheur de connaître Cyril...



On se quitte avec celui qui nous quitte, paraît que Philip Roth a dit que ce serait son dernier roman. Nemesis donc. Une nouvelle fois, il réinvente l'Histoire ici à travers une épidémie de Polyo dans les années 40, à Newark, forcément. Et j'avoue pendant longtemps je me suis un peu demandé à quoi bon ? Enfin plutôt mais pour nous amener où ? Je me suis même dit que c'était pas plus mal qu'il arrête peut-être. Ce n'est pas que c'était pas bien: c'était juste sans direction apparente pour moi. Et je me disais pas lui quand même. Eh bien non, pas lui. Quand même. Parce que deuxième partie. Et parce que dernière partie, après ellipse. Et là: des coups de marteau, de masse (mas ?) pilonnant sans cesse toutes les fondations. Oh bordel me suis-je dit ça y est je comprends, il va vers ses derniers mots écrits mais il y fonce, à près de 80 ans, en continuant à saper toutes certitudes et toutes les illusions sur nos identités, nos parcours, nos certitudes. J'ai découvert Roth par une phrase de Desplechin ("il place la question de l'identité comme un caillou dans nos chaussures") et je me suis encore ici pris une claque mais de celles qui font du bien: qu'un homme de 80 ans viennent nous rappeler à coups de butoirs que non il n'y a pas de logique ni de compréhension à avoir de nos chemins et que c'est ainsi, je crois que c'est la plus douce nouvelle littéraire de mon été. Partez en non-paix ni en guerre, mais en accord avec vous-même, Monsieur Roth. Je vous tire mon chapeau pour l'ensemble.

"Enfin revenu des avalanches" chantait Dominique A. Eh bien moi voilà bien longtemps que j'avais pas écouté l'album qui restera donc leur seul des australiens joyeux The avalanches (clip très drôle en plus, d'habitude je regardais pas). Toujours soleil.