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dimanche 17 novembre 2013

DVD curiosités: la collection Les introuvables.

Les sorties ciné étant aussi un peu réduites, et puis de toutes façons on peut pas dire qu'il pleuve des appels de films en ce moment, il y a par contre des entrées culturelles nombreuses à l'appart, merci la bibli...je sais pas si je pourrais en parler souvent, mais enfin je découvre de telles pépites de moi inconnues que quelques mots ne sauraient être de trop...
On commence aujourd'hui avec quelques exemples d'une collection qui ne pouvait que m'attirer, des oeuvres relativement peu connues du cinéma américain, loin d'être aujourd'hui celui qui m'attire, mais qui comme toute vie recèle dans ses recoins secrets des merveilles.


That cold day in the park de Robert Altman (1969) est une pure étrangeté, la "rencontre" forcée d'une bourgeoise américaine et d'un jeune totalement mutique, qu'elle récupère sous la pluie sur un banc, accueille, et avec qui elle monologue. En fait ce garçon n'est muet qu'avec elle, et lorsqu'il s'échappe-sort de chez elle, il va retrouver sa soeur ou ses amis et leur raconte son jeu. Mais ce qui n'était qu'un jeu... fascination de classe, de génération, d'individus corsetés ou se voulant libres, le film est un puzzle qui met souvent mal à l'aise, jusqu'à son dénouement disons, particulier. Portrait en creux d'une nouvelle Amérique, mais aussi regard sans fard sur la bizarrerie humaine.


Ralph Bakshi, lui, faisait des dessins animés, principalement d'Heroïc-fantasy (il a même fait un Seigneur des anneaux bien avant cet idiot de Peter Jackson), mais plutôt pour adultes, y diffusant des idées sur le monde et sur les relations humaines. On retrouve donc dans Les sorciers de la guerre (1977), outre les ingrédients du genre (frères ennemis, trahisons, danger planétaire), des personnages féminins ultra-sexy, de l'humour, et surtout une référence constante au nazisme, avec un mélange inattendu d'animation et d'images "réelles". On n'est pas loin, et c'est là le plus surprenant quand on voit aujourd'hui le niveau quasi-zéro de l'animation américaine, des manga: des oeuvres d'art données pour se divertir ET réfléchir. 


Idem pour le génial film de SF Le monde, la chair et le diable, de Ranald Mac Dougall (1959), de la SF comme je l'aime, absence totale d'effets spéciaux, seuls les lieux et les situations la créent, et lecture à double-niveau. Donc là, contexte guerre froide ou pas, la fin du monde est arrivée, en tout cas celle de l'espèce humaine, au moins en Amérique: il ne reste que trois humains...deux hommes, une femme...un blanc, un noir...le propos du film, outre la vision toujours hallucinante d'un décor de ville immense mais vide, sera donc bien à la fois politique, sociologique, et psychologique, sans jamais tomber dans l'ennui du film à thèse. Car derniers humains ou pas la question de comment on vit ensemble ou pas sera au coeur de chaque instant. Film fascinant.


On finira sur les deux plus curieux, d'abord Electra glide in blue de James William Guercio (1973) qui suit le quotidien de...policiers à moto, avec un regard à la fois distancié et en même temps rendu plus proche par le fait que c'est le personnage auquel on s'attend le moins que l'on va suivre, un petit homme plein d'idéaux, qui vont vite buter sur la réalité, mais qui a bien de l'endurance (on n'est jamais obligé d'accepter la réalité). Film vraiment ovniesque pour moi, aussi drôle que surprenant, aussi amer que tendre, prenant à rebours tant la culture hippie se développant que le point de vue policier ras la casquette, on se retrouve devant un produit assez hallucinant, cherchant là-aussi, mais à une plus grande échelle que le film précédent, à comprendre finalement comment tout le monde vit. 


On finira avec le top du top, le relativement connu The swimmer de Franck Perry (1968), l'un des films les plus étonnants qu'il m'ait été donné de voir, par son idée de scénario: un homme en maillot de bain surgit on ne sait d'où dans une maison huppée de Los Angeles, connaît les habitants, discutent avec eux, n'habite pas très loin, à quelques maisons et jardins de là, et décide, au lieu de prendre la route, de rentrer chez lui en traversant tous les jardins et les piscines qu'il croisera. Euh attends là, le film raconte donc l'histoire d'un mec qui rentre chez lui en maillot de bain en traversant des jardins ?? Eh bien, oui ! Le film ne montrera que ça. Mais...très vite, entre les rencontres, et les dialogues (certains passages sublimes, l'enfant, l'ancienne maîtresse...) on découvre que c'est sa vie (la question étant de savoir si elle est passée, présente ou future) qu'il est en train de traverser. Pari tenu jusqu'au bout: acteur en maillot (Burt Lancaster, les filles), scénario improbable devenant haletant, et un final aussi grandiose que scotchant. Incontestablement, ce film à nul autre pareil est un pur chef-d'oeuvre.

Et moi j'aime beaucoup les caennais de The concrete knives, oui oui !




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