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dimanche 29 septembre 2013

Trois gouttes qui remplissent le vase

Il est certes un peu loin le temps joyeux de la prolifération des manga au cinéma, qui m'emmenait bien une fois par mois dans les salles...mais dès qu'un rescapé pointe le bout de son nez, j'y suis en compagnie du ptit gars et de son copain Thomas parfois, comme là.



Ca commence par trois gouttes qui tombent du ciel, et en avant pour l'entrée dans la vie, qui change, d'une jeune pré-ado, la petite Momo, sur un bateau les amenant sur une île perdue du Japon, Tokyo c'est fini. La maman a un nouveau travail, le père est mort il y a peu, elles vont s'installer chez une grand-tante et un vieil oncle (qui veut toujours fumer mais se fait réprimander !), c'est l'été, un nouveau quotidien se met en place. Le cadre est posé, un grand classique du manga dont je ne me lasserai jamais de répéter qu'on ne le voit dans aucun autre type de dessin animé: un réalisme psychologique aussi cru que tendre. 
L'été, c'est donc, là-bas, le temps un peu vide de la solitude, la gentillesse distante des personnes âgées, les quelques jeunes sautant dans la mer depuis le nouveau pont, qui intimident un peu. On se doute que dans cette solitude résonne, par brefs et puissants flashbacks, la disparition du père, et ce qui s'est passé juste avant entre elle et lui, qui se dévoile peu à peu. Mais c'est aussi l'apparition de ces trois divinités tombées du ciel, ces fameux yokaï que mon ptit gars et moi on connaît désormais vachement bien grâce aux BD géniales de Shigeru Mizuki, qui sont là pour veiller sur les deux personnages féminins, et surtout, involontairement, pour provoquer rires et attachements. Parce que ces trois-là sont vraiment des bras-cassés certifiés, au physique délirant, à l'attitude d'une maladresse folle (ils volent toutes les cultures, ratent tout ce qu'ils entreprennent, sont aussi flemmards que dépassés), mais cherchent aussi à s'acquitter de leur "mission" avec la plus grande gentillesse.
On naviguera donc entre rires, émotions, délicatesse, chronique familiale et d'un âge de la vie, dans un décor somptueux, l'île est en fait inventée, et toutes les magies des manga seront bien au rendez-vous: on se laisse porter, on est ému, on réfléchit, on retrouve des sensations, et on ressort content et touché: l'animation japonaise reste décidément au-dessus du lot, même si clairement il y a ici peu d'innovations pour qui suit le genre, mais quand on se retrouve face à la quintessence de la qualité, on savoure. La surprise finale sera pour moi de découvrir que le réalisateur, Hiroyuki Okiura, n'est autre que le génie qui, il y une bonne dizaine d'années, a créé l'un des plus (le seul l'ultime ?) puissants manga de science-fiction politique: Jin-Roh la brigade des loups. Je ne sais pas pourquoi il a attendu si longtemps pour faire un autre film à l'univers si éloigné du premier, mais une chose est sûre: encore un nom à accrocher au meilleur de l'animation japonaise.


Et toutes les joies tous les étonnements: la diva de 74 ans qui réinvente les jouvences et les vraies vies est de retour avec un nouvel album impeccable, as always. Brigitte Fontaine, tu m'éblouis.





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