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jeudi 5 septembre 2013

Pré-sorties

Cette fois-ci, ça reprend vraiment ! Mais faut dire aussi, à décharge, que ça arrête pas de défiler chez moi, alors faut trouver le temps, quand même. Ya donc eu, dans l'ordre et sans ordre de préférence, le retour de Morgane en terrasse de bar qui trouve rien de mieux à faire que me tendre un joint dès arrivée, la visite de la germany family, le retour de Roxane qui a versé des larmes (ah non hein !) mais d'émotion (ah oui hein !) et qui a beaucoup parlé des jolies choses dans sa tête pour son été, ce soir c'est au tour de Seb, demain midi madame Agnès (qui trépigne hé hé, je vais encore rentrer chez moi vers 15h dans un état style il est 3h du matin), et demain soir cinq représentants de la géniale troupe des surveillants viennent boire chez moi ! Après, un peu de repos mais je crois pas !



La rentrée ciné a enfin d'une certaine manière commencé, au sens où un pur chef-d'oeuvre a, il était temps, pointé le bout de son nez, de sa beauté, de sa folie, de son exubérance, de sa liberté, de son art, vraiment. Ca vient du Chili (et là Cyril saute en plafond et s'accroche en hurlant "comme Bolano, lui aussi il venait du Chili, Bolano !!"), ça vient d'un vrai Monsieur, un sorcier fou et surréaliste de 84 ans qui je l'avoue pour moi était mort croyais-je, grand manitou de la BD et paraît-il de films des années 70 complètement déjantés que j'ai jamais vu et inutile de préciser que je vais courir à la bibli les engloutir, Messire Alessandro Jodorowsky qui signe avec La danza de la realidad un enchantement, une splendeur, un film aussi ludique que sérieux et concerné. Une magie sur écran, sans aucune des ficelles financières je-t'en-mets-plein-la-vue-sur-l'écran-parce-j'ai-un-gros-budget, mais au contraire j'utilise toutes les ficelles d'un art et de ma vision d'être humain (d'artiste, si on veut chipoter) pour te parler, vraiment, sincèrement. 
Alors ça donne une sorte de récit d'enfance si on veut, une évocation plutôt par tableaux, dont le fil directeur serait trois personnages, entourés d'une multitude de passants magnifiques. Une famille, les Jodorowsky, un père communiste stalinien, une mère disons mystique, et un enfant, double de l'auteur mais qu'importe, choyé-secoué-mis à l'épreuve entre les deux. Le tout dans un cadre proprement hallucinant ou halluciné, un petit village planté entre mer et montagnes immenses, des couleurs, des délires au sens de Rimbaud (tordre la vie pour la rendre plus poétique), des magasins et des habitants pour le moins atypiques, et en prime une mise en situation sociale et politique explicite sans être pesamment donneuse de leçons. 
Autant dire qu'on navigue entre ravissements des yeux tant ça pétille d'inventions visuelles, étonnements du coeur tant on passe du cocasse ou burlesque au bouleversant, avec en prime un procédé génial mais terriblement éprouvant pour les accélérations de battements de coeur, l'apparition parfois de Jodorowsky lui-même à quelques moments du film pour une refléxion poétique sur l'existence absolument scotchante,  et éblouissements du cerveau tant le mélange des genres et des arts (du surréalisme à l'autobiographie, la musique, la peinture, les bilans d'une vie) crée une pure dynamique, une fusée de cinéma. 
Monsieur Jodoroswky, à 84 ans vous m'avez balancé une ode de jeunesse d'esprit qui a ragaillardi ma soirée, mes nuits et mes jours. La réalité, que déjà j'aimais à tenter d'épouser, vous me l'avez faite danser avec tous les sourires et tous les sérieux des importances: je fus, hier soir, mais plus encore après, un spectateur heureux et comblé non de votre film, mais du spectacle de la vie que vous avez su offrir. J'applaudis, haut et fort, très fort.



J'aime pas comparer, mais autant dire qu'on peut pas en dire autant des deux films français bien pâlichons, et heureusement pour eux vus avant. J'ai assez clamé que la rentrée française s'appellera ici Desplechin (dans 6 jours, cinq ans après, c'est long cinq ans) et Kechiche, même si j'ai déjà repéré quelques petites surprises qui vont se glisser dans les interstices, et donc j'attendais pas grand chose de Jeune et jolie et Grand central (vu par hasard/erreur !). Mais entre attendre pas grand chose, et découvrir quasiment rien, ya une distance.
On commencera avec le Ozon, ce Jeune et jolie qui confirme malheureusement pour moi ce que j'ai toujours pensé d'Ozon à quelques exceptions près: ça se laisse voir, et surtout ça se laisse aussitôt oublier. Et moi, voir pour rien ou peu, ça m'intéresse plus, pas le temps. Donc le film est bien foutu, l'actrice aussi (tu parles d'un exploit), froid et distant comme le personnage, ouh là là quel mystère on sait pas ce qu'elle éprouve, ya 4 chansons de Françoise Hardy, euh...Charlotte Rampling à la fin (peut-être le seul moment un peu inattendu du film, ça dure 3 minutes), et puis ah tiens c'est fini. Mais en fait rien n'avait jamais vraiment commencé. Ni dispensable, ni indispensable. 



Grand Central de Rebecca Zlotowski est, dans un autre genre, de la même veine dispensable. J'avais bien aimé Belle épine, son premier film, qui s'avérait relativement original par son contexte entourant la classique chronique ado des premiers films français, un genre qui m'a suffisamment fasciné dans les années 90-2000 pour que je me réjouisse de le voir exister encore parfois. Là, il y a un matériau original et assez bien utilisé, le cadre professionnel d'une centrale atomique et des larbins de la société qui y jouent les bouche-trous. Les scènes de travail avaient un côté fantastique imprévu qui m'a bien plu. Mais se greffe là-dessus une histoire d'amour pour le moins elliptique et rapide, on peut y voir un effet de style, en ce cas ça assèche le film tant on y croit pas, on peut y voir de la maladresse, en ce cas ça assèche le film tant on y croit pas. Au final, il se passe pas grand chose pour nous, voire rien. Tiens, ça me rappelle Jeune et jolie !

C'est comme d'habitude passé totalement inaperçu, mais le pour moi grand, très très grand Pascal Comelade a sorti un nouvel album, son...25ème ! Dans ma collection, il est le seul, avec Sonic Youth, à avoir fait autant de disques que je possède tous, parce que lui, eh ben je l'aime. Je crois que quasiment personne a jamais partagé cet amour avec moi: je ne l'en aime que plus intimement.   

                               

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