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dimanche 8 septembre 2013

Dimanche matin, déjà mes liesses



C'est d'abord une histoire, ou plusieurs, celle finalement assez longue d'une non-rencontre en live avec Arman Meliès, chanteur singulier s'il en est par chez nous. Suivi depuis ses débuts très discrets (premier album au titre le plus imprévu du monde, Néons blancs et asphaltine (!!) découvert via le début des sites musiques sur internet), puis fidèlement retrouvé, toujours dans la non-notoriété, à chaque album. Ce fut beaucoup écouté, seul ou partagé dans le canapé montpelliérain du Zucco, puis finalement transmis à assez peu de gens: Arman Meliès a su rester relativement secret, sauf avec l'indien récemment - en nous la vie, hein... C'est le champion des chansons euh-faut-un-dictionnaire-là-je-connais-pas-les-mots qu'il emploie, chansons tendues, chansons mystères, chansons qui échappent à toute démonstration type "écoutez bien je parle de ça". C'est aussi l'histoire d'un sans faute pour l'instant, quatre disques, quatre virages, les textes sont moins happy few mais restent très opaques, le rock se fait plus électro.  C'est aussi l'histoire d'un livre écrit par lui trouvé un jour par hasard à Ombres Blanches, l'église-librairie de Toulouse, et aussitôt acheté: son Beau siècle de légendes est toujours là, à portée de mes yeux alors que j'écris ceci. C'est aussi l'histoire d'un concert raté il y a cinq ans à Bordeaux, et donc d'une envie très forte.
C'est également un lieu: les Vivres de l'art, qui jusqu'aujourd'hui était un peu le lieu où je ratais systématiquement tous les concerts. la pluie de ce matin m'a inquiété un peu: hé hé je savais pas que les concerts se faisaient dans le hangar...
C'est aussi un jour: ma fin de semaine fut bien remplie, plus encore que le début, en soirées se finissant bien tard, en alcool ouh là là on a bu tout ça découvre-t-on en rangeant le lendemain matin, donc mettre le réveil un dimanche pour aller à un concert matinal j'ai pas trop l'habitude: alors j'aime. Même Msieur Meliès ironisera: "bonjour les sportifs matinaux".
C'est encore une rentrée: c'est mon premier concert de l'année scolaire dira-t-on: je trépigne.
Ce fut enfin tous les bonheurs toutes les joies: pas grand monde bien sur, mais pas personne non plus. Un son obligatoirement pourri vu le lieu, mais tant que les mots et la musique passent, le son, je m'en fous. Un duo, le troisième homme au clavier s'étant cassé le bras: donc juste guitare-chant-batterie, plus quelques bidouillages de remplacements à l'ordi. Un look, Arman Meliès a vraiment toujours des coupes de cheveux hors-normes, des tatouages partout, une chouette allure et...un T-shirt de Sébastien Tellier je crois qui m'a bien fait délirer. Et dès la première chanson, direct ma chouchoute du dernier album, ça claque: d'abord c'est ultra électrique, ultra-tendu, bien électronisé pour des montées en loopings oh waow, et très vite même s'ils ne sont que deux ça part haut. Et ça redescendra jamais: Musique habitée, musique qui vole autour et frappe direct au coeur et au corps, longues plages soniques vrille-cerveau, et ces mots, ces mots qui ainsi entourés d'un écrin musical rentre-dedans mais aussi caresse-autour et envole-partout, prennent encore une nouvelle dimension. Et bonne surprise, voire étonnement scotché: quelques "vieux classiques" sont ici retravaillés, redéfinis, tellement que je ne les reconnais que par le texte. Ca ne durera que 45 minutes, festival oblige, mais les intensités, les éclairs physiques et intellectuels piochés à chaque seconde, ont fait que je vibrais de partout: belles fusions d'un temps passé et d'un présent enfin accompli, je me disais en partant que, haut la main haut les coeurs, j'avais vu là le concert exact qu'il me fallait croiser. A revoir sans hésiter dans une vraie salle, mais finalement ces conditions un peu bricolées ont participé de la singularité de ce moment. J'aurais droit en prime à une jolie petite surprise-discussion avec quelqu'un qui, lorsqu'il m'a reconnu (ce qui était théoriquement et empiriquement impossible), m'a fait vivre quelque chose que dans les concerts je ne vis jamais, et ce depuis vingt ans. Ca m'a rappelé une discussion, ça a amplifié les révélations constantes du quotidien. Tout cela se sera appelé un dimanche matin ? Un peu réducteur, je trouve...

Par tradition, pas de chanson correspondant au concert, sauf rarissimes exceptions. Pas d'exception ici: alors en ce moment la chanson que je mets systématiquement dans ma voiture, c'est celle-ci, du groupe américain Wampire: ça a la pêche, ça s'arrête et ça repart, l'album est aussi frais et excellent que ça: c'est pas interdit de se sentir catchy et pimpant ! 


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