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samedi 8 décembre 2012

MJ the killer !!

Titre spécial private joke, qui a bien fait rire mon ptit gars, et qui me permet de saluer ma nouvelle lectrice !! D'ailleurs, il y a tant d'années, j'ai vu un film qui a changé ma vie - au sens, clairement, où ma vie n'aurait jamais été ce qu'elle a su être sans ce film - et plus étrangement encore, en sortant du cinéma, je m'étais dit, comme un croyant peut probablement espérer follement: ma vie doit être comme ce film. Bingo: il m'a permis qu'elle le soit. et donc dans ce film, il y avait ce court dialogue à un moment: (les deux personnages sont à une soirée, à Paris)
"- Pourquoi ce type m'appelle "les potes" tout le temps ? il m'en veut ?
- Non! Il nous aime beaucoup ! Moi, moins, mais il doit bien t'aimer, toi. Je crois qu'il fait de l'esprit, tu sais. Et puis il est très..."normal" peut-être. Mais dire "pote", c'est "normal", non ? Des fois, Nathan dit des choses comme ça.
- Enfin, ça me met très mal à l'aise.
- Attends ! on est à Rome, on fait comme les Romains...
- Ce type n'est pas "romain" du tout !
- Si ! Il est "romain" d'une certaine manière. "Mon pote", c'est assez "romain".



Un mot juste pour un coup de foudre russe (non, Dacha, je parle pas tout à fait de toi !): découverte d'une jeune auteure qui m'a scotché, Natalia Klioutchareva avec Un train nommé Russie, un roman totalement électrique, une décharge bourré de style, de culture, d'histoire, de jeunesse, bref un roman éblouissant et ébouriffant, l'histoire, si l'on peut dire, d'un jeune homme dans un train traversant la Russie, mais surtout traversant l'histoire et la mentalité russe, croisant des personnages-symboles, et surtout courant après (aux deux sens du terme: après l'avoir vécu, ou cherchant à le retrouver) l'amour de sa jeunesse, cette magnétique Iassia qui donne au roman ses pages les plus folles, presque dignes de Rimbaud version féminine parfois, cette fille géniale et dingue, aux cheveux multicolores, une pile de vies au carré, aussi énigmatique qu'obligatoirement appel à l'amour. Un roman-somme de 180 pages seulement, absolument rock'n roll, absolument russe, absolument d'aujourd'hui et pourtant dieu merci intemporel, un roman où ça frémit de partout, ou c'est écrit pour dire des choses, où les pages sont chargées d'électricité statique et en mouvements surtout, un roman bourré de culture, de références et en même temps sauvagement libre. Mon Dieu, mais qui est cette fille qui l'a écrit, quel est ce pays, qui sont ces personnages qui aimantent notre amour ? La voilà la tempête sauvage par les mots: là, j'avoue, ce livre, je m'en suis pas encore remis. Et je compte bien ne pas m'en remettre. Comme un torrent, mais sans jamais rechercher l'accalmie des rivières des après. Et j'ai même pas recopié le passage le plus nucléaire, et il y en a...

"Le bonheur était pareil aux valves d’un coquillage translucide, qui se seraient refermées sur eux tandis qu’ils s’embrassaient, s’enracinant l’un dans l’autre quelque part à la cime d’un pont.
Et ils pouvaient passer un jour entier couchés sur un banc du musée Akhmatova près de la Fontanka à regarder le vent faire indéfiniment passer les feuilles des tilleuls du vide du ciel si bleu dans le vide si bleu du ciel. Tout en bavardant dans une sorte de langue d’oiseaux, incompréhensible pour les non-initiés, qu’ils inventaient en parlant et oubliaient sur-le-champ.
Un seul mot lui était resté de ce langage. Iassia avait l’impression que c’était le meilleur vocable pour parler aux forces de la nature.
« Vientch » criait-il aimablement aux canards gris qui agitaient leurs pattes sur la rivière Smolienka. Les canards acquiesaient en cancanant et poursuivaient leur chemin sur l’eau.
« Vientch » murmurait-elle aux fleurs blanches du vieux cimetière arménien. Les fleurs lui rendaient son salut, élastiques sur leur tige fragile.
« Vientch ». Iassia conjurait la tempête, debout sur un tonneau renversé parmi les embruns, l’écume et les vagues vertes du golfe de Finlande.
« Vientch », trempée jusqu’aux os, la gamine aux cheveux coiffés en une dizaine de courtes tresses essaie de couvrir le fracas de l’austère Baltique.
« Vientch », Nikita entend résonner en lui le mot magique de la petite Iassia, tout aussi sonore et salé qu’il y a des années.
« Vientch », et il sait que jamais, plus jamais, vraiment jamais plus, il ne l’entendra.
« Vientch », les vagues ne sont plus aussi hautes, et le bruit s’apaise. Iassia descend du tonneau, dérape et fait un plongeon dans l’eau. Nikita court vers elle, trébuche et tombe lui aussi. Ils rampent pour se rejoindre sur les galets qui glissent sous leurs pieds, sur la terre qui se dérobe sous leurs pieds, essoufflés, gais, tout égratignés. Ils se saisissent par les mains, et là une nouvelle vague de bonheur les frappe dans le dos, et ils tombent cette fois ensemble et prononcent « Vientch » d’une seule voix, à genoux au bord de la tempête domptée, à la lisière même de leur destin. »"


Alors clin d'oeil !...






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