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lundi 24 décembre 2012

Le dernier sera donc le premier

Ahiiiiii !! Je viens de voir LE PLUS BEAU FILM DE L'ANNEE 2012 !!  Et très très haut la main en plus !


Alors le portugais Miguel Gomes, j'avais vu son film précédent, Ce cher mois d'août, étrange objet non-identifié de 2h30, qui oscillait entre documentaire et fiction. Je voyais bien qu'il y avait là un mec inventif, mais de là à imaginer que la suite atteindrait de tels sommets, fallait le prévoir...
Je lis jamais rien sur les films avant, je connais pas trop les histoires j'aime bien découvrir, et les avis je les regarde en diagonale. Là j'avais simplement récupéré les mots "passion" et "classicisme", ouh là, je craignais un film type le Clint Eastwood qui m'ennuie à moitié (enfin, tout Eastwood m'ennuie par justement la faiblesse de son classicisme), style La Route de Madison, devant lequel je rêve de pleurer mais baille poliment.
Tout faux, parce s'il y a bien un film puissamment moderne, puissamment inventif, puissamment aux avant-poste du défi artistique le plus fort et le plus improbable: réinventer les manières d'aborder l'amour, c'est bien cet incroyable et bouleversant (j'en frémis encore en écrivant) Tabou. Là où souvent les histoires d'amour au cinéma jouent la carte périlleuse et la plupart du temps ratée émotionnellement du romantisme, Miguel Gomes a pris la tangente en fonçant tête baissée dans toutes les fièvres, les passions, et donc le Romanesque, valeur suprême dans mon petit Panthéon de poche.
Ca signifie donc ici: du noir et blanc, une intro qu'on ne comprend qu'au bout de 10 minutes mais qui offre une clé qui ouvrira les portes bien plus tard, et une première partie, Paradis perdu, totalement à l'opposé de l'histoire de passion qui serait annoncée. Rigueur des plans, voire froideur, pièces d'un puzzle qui tarde à se construire, âges pas vraiment prévisibles, liens entre les personnages étranges à cerner: hum hum, mais c'est quoi ça là ? Elle est où l'histoire de passion ?? Et puis événement, et puis surgissement d'un très vieil homme, blouson de cuir sur dos, mégot au bec, et là, seconde partie: Paradis. Et là: stupeur. Bouche bée pendant plus d'une heure. Autre temps, le passé, autre pays, le Mozambique, mêmes personnages mais plus jeunes, voix-off sépulcrale, et tout autre film pour une raison de mise en scène qu'il vaut mieux ne pas dire pour en savourer l'émotion folle. Je me disais, non, il ne va pas oser faire ça jusqu'au bout, mais si: jusqu'au bout bien sûr, car à partir de là ce sont les extrêmes les plus impossibles à tenir qu'affronte Miguel Gomes, et dont il triomphe à la force d'idées de mise en scène et d'acceptation d'aller jusqu'aux centres les plus furieusement brûlants des sentiments. Donc morale et passion, donc amour et interdits, donc fièvres et tout balancer, donc tout retrouver et folie, donc en fin de compte la rencontre d'un homme et d'une femme, ceux qu'il fallait absolument, ce qu'il ne fallait surtout pas. Et face à eux, stupéfait, mieux encore: pétrifié: moi, le spectateur. Qui n'en croit yeux, ni oreilles, ni battements de coeur, ni larmes. Et qui repart tremblotant dans les rues, non de froid, mais de joie: parce que ce film, c'est mon chéri de l'année 2012, parce qu'il y avait longtemps qu'un cinéaste m'avait pas montré l'amour et la passion avec un style et une intensité dont j'ignorais l'existence.
Il y a les histoires d'amour qu'on vit, et celles qu'on voit: et parfois, par des miracles qu'on mettra des mois à déchiffrer, elles ont la même importance émotionnelle dans nos vies. Parce qu'elles nous bâtissent. Comme ce soir...

Allez Zucco, jte fais un cadeau, un dernier solo, pour toi qui pourtant selon certaine n'était pas le roi des accueils sur le quai !!!






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