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mardi 27 novembre 2012

Les mystères de l'est

Et hop, le voilà le film de mon année 2012, il était temps qu'il surgisse...



Bon, moi et les pays de l'est, c'est une vraie histoire d'amour toujours en cours (été 2013, je repasserai par là), et si pendant deux ans la Corée du Sud a squatté le génie cinématographique avant de s'écrouler comme un château de cartes, la Roumanie après une explosion inoubliable il y a quelques années (Ah La mort de Dante Lazarescu, Ah 12h08 à l'est de Bucarest, Ah la découverte des vieux Pintillé des années 70, Ah Califonia dreamin', Ah mardi après Noël...), a su malgré la désormais rareté nous envoyer des oeuvres  intenses et explosives.

Donc le choc...les 2h30 du nouveau film de Cristian Mungiu, Au-delà des collines, sont une déflagration comme je les espère toujours et les aime follement. Un système béni, si j'ose dire ici: le minimalisme pour atteindre à tous les maximums, soit là un monastère minuscule perdu dans la campagne, une fille qui surgit on ne sait pourquoi, et qui retrouve son amie-amante-aimée, on ne saura jamais trop, désormais recluse dans ce lieu fascinant, à rebours du monde et du temps présent. Des orthodoxes coupés de tout. Et la passion qui refait surface, car cette fille veut son amie, et ne peut plus l'avoir car celle-ci aime Dieu, dit-elle...
A partir de ce canevas qui aborde des thèmes qui m'indiffèrent - la foi - et qui me fascinent - les excès délirants de toute passion - se met en place un film au cordeau, où rien n'est neutre mais tout est intense. Pas de musique, deux actrices sublimes, une  toute petite communauté religieuse hallucinante, un pays, quand on le voit, en déréliction, et un choc des cultures qui là aussi quand on le voit, rarement mais à des moments clés, décuple l'étrangeté de ce monde religieux là.
Etouffant, explosif, repoussant toutes limites du raisonnable, magnétique, mille fois plus impressionnant que L'exorciste qu'il rejoue sur un mode réaliste, cet Au-delà des collines tient les propositions de son titre: aller au-delà, emporter dans des régions du coeur et de l'esprit que les films vus cette année accostent avec tiédeur pendant qu'ici tout est fiévreux. Plus ça avance, plus ça tourne en rond, plus ça se répète, plus je me recroquevillais dans mon fauteuil, pas par faiblesse, mais par dépassement: waouh, au moins, là, quand tout s'arrête, demeurent les énigmes et les effarements. Une bombe à retardements, qui pourtant explose à chaque minute. Je le redis: de mon petit point de vue, c'est le meilleur film de 2012. Et que respirent encore ces cinémas là, longtemps, longtemps...

Pas souvent , jamais même, que je mets du jazz...je crois que c'en est !




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