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mardi 20 novembre 2012

Expressway (to yr books)

Un titre spécial rock indé des nineties ! Revue en très grande vitesse de quelques bons bouquins lus récemment...

Mon premier roman taïwanais, ya un début à tout. Récit de lune de Guo Songfen est un court texte intimiste pour finalement laisser exploser une injustice sociale vers la fin. C'est certes dépaysant, et surtout cela fait étrangement écho au cinéma taïwanais que je suivais tant avant et qui a quelque peu, non totalement, disparu des écrans: c'est feutré, élégant, et pourtant ça progresse et attaque. Une histoire de couple pour dire la société. Jolie curiosité.





Le 14 de Jean Echenoz m'a plu, certes, mais ne m'a pas autant emballé que je l'imaginais. Alors oui son style fulgurant fait encore totalement mouche, car évoquer la guerre de 14 en 110 pages en disant presque tout, faut le faire. Mais après son génial cycle biographique, ses trois derniers romans, et alors qu'il se renouvelle - ici il fait la biographie d'un événement en quelque sorte - il n'y a pas eu pour moi la révélation. C'est tonique, génialement écrit, mais je me suis trop habitué. Pas bon pour moi, ça.




Ils ne sont pour rien dans mes larmes part d'une excellente idée (qui me ferait limite blêmir de jalousie si j'écrivais), demander à des gens le film qui a changé leur vie. Olivia Rosenthal se charge de la rédaction, et c'est là que le bât blesse: honnêtement, c'est écrit à la truelle, et ça appauvrit l'idée. C'est parfois touchant, parfois génial (la fin sur les parapluies de Cherbourg), mais souvent c'est trop peu écrit pour être à la hauteur du sujet.





La passion est mon premier roman irakien (ya un début à tout, c'est la semaine !), écrit par une femme, Alia Mamdouh,  et comme le dit la très jolie préface d'Hélène Cixous, aux antipodes de ce qu'on imaginerait bêtement: tout sauf un roman banal voire pleurnichard). Ultra stylisé, ultra construit, alternant des lettres puis des passages en stream of consciousness, c'est un roman hiéroglyphe, une histoire de passion aussi touffue et étrange que du Marguerite Duras, car s'il y a le schéma mari qui épouse une seconde femme, il n'y a là nul regard social ou religieux, mais bel et bien des regards de chair et de coeur. Le roman peut se lire comme un poème en prose sur les amours ravageurs et rageurs entre des êtres absolus. C'est hors-norme, débordant, opaque et libre, bigre, un roman sur l'amour comme ça, je l'ai pas vu venir.

Un roman ultra-original encore, autour du cinéma, Zéroville de Steve Erickson,  construit en courts paragraphes numérotés puis repartant vers zéro, raconte (enfin, plus ou moins) l'arrivée dans le monde du cinéma d'un candide pas naïf (je sais pas comment dire) affublé d'un tatouage de Montgomery Clift et Liz Taylor. Hors de tout réalisme, il rencontrera des allumés complets du milieu du cinéma, et passera l'essentiel du livre à disserter sur le cinéma et/ou la vie...constamment surprenant voire jouissif, multipliant les allusions délirantes et pourtant brillantes à l'histoire du cinéma, ce roman est une pure surprise tonique, absolument emballante. Je me suis régalé tout en n'étant jamais sur du sérieux de l'auteur, mais alors ça pétille, ça a un goût unique, même si la boisson reste difficilement identifiable !

On finit le coeur serré (ya des thèmes en ce moment qui m'amènent très vite aux larmes, les enfants qui grandissent c'est au centre) avec François Maspero et Des saisons au bord de la mer. Récit d'enfance, puis récit de l'enfance de sa fille, c'est doux et triste comme les regards sur les passés perdus. Poétique, humain, historique, nostalgique et pourtant jamais défaitiste, c'est une très belle évocation, parfaite en automne. Délicieuses évocations des joies temporaires de côtoyer une autre enfance, après la sienne. Et après ? Euh..."on rêve d'avant" ??




Et un peu de douceur pour finir, très bel album du très jeune Halls...



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