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mardi 13 août 2013

Les deux oubliés de l'été

Ma vieille tête vieillissante les avait oubliés dans les lectures de l'été, je me rattrape, même si l'oubli fait partie de la mémoire paraît-il.



Je sais pas pourquoi il s'est retrouvé chez moi celui-là, mais L'homme sans postérité d'Adalbert Stifter, inconnu au bataillon, a bien fait de venir. Roman allemand du XIXème, auteur admiré par Nietszche (Ah bon ?!), ce court texte très étrange raconte (un peu) le départ de sa maison d'un jeune homme, juste après une dernière fête avec ses amis, et des aux-revoirs troublants et avec baiser avec sa soeur de lait. Où va-t-il ? pourquoi part-il ? On ne sait trop, mais il part, accompagné d'un chien, traverse des paysages étonnants, pour arriver à la maison perdue d'un oncle, sorte d'ermite-sage-initiateur froid comme un glaçon, et sec comme un campement militaire. Il y restera quelques temps, dans une ambiance sombre, mystérieuse, comme entouré de regards alors qu'il n'y a personne. Une sorte de communication s'établira peu à peu avec le vieil homme, une sorte de bilan sur les origines et sur les émotions, puis il repartira vers chez lui, alors qu'il devait aller à la ville prendre son premier emploi. Et donc il y a le retour.
Ce court texte vraiment bizarre, mais assez envoûtant, semble nous dire qu'en peu de temps si tout bascule c'est toujours pour avancer. Suggestion plaisante, entraînante probablement, à propos de laquelle je n'ai aucune idée. En tout cas, ce livre se déguste comme une ballade en forêt obscure, un peu inquiétant, un peu fascinant, avec la certitude qu'à la sortie, quelque chose aura changé.




Plus classique mais en fait non, le fort intéressant roman de Florence Seyvos (madame co-scénariste de Noémie Lvovsky et ex-madame Desplechin, le livre lui est dédié) Le garçon inclassable se lit tout seul et reste dans plein de coins de la tête. S'il faut un peu de temps pour saisir au début, c'est parce qu'il y a deux histoires forcément disjointes mais qui se chevauchent, et surtout peu à peu qui font écho, sans qu'il ne soit jamais dit explicitement lequel.
D'un côté, une histoire de famille centrée autour de la figure d'Henri, qui est le fils du deuxième mari de la mère de la narratrice, enfant à part tant physiquement que psychologiquement, vivant dans un centre. De l'autre, la vie de Buster Keaton (oui oui). Vie à propos de laquelle je ne savais rien et qui est stupéfiante, du début à la fin. Le lien, donc, ce serait cet aspect incassable. Une idée là-aussi qui me laisse plutôt sans mots, comme si certains êtres pouvaient savoir tenir debout quand rien ne leur permet, ou ne permet plus beaucoup de le faire, une sorte de non-combat total puisque de toute façon, par certains côtés, ils s'avèrent incassables. Le livre est vraiment simple et beau, se dévore en un après-midi, suggère plutôt qu'expliquer, et m'a donc été une jolie surprise du mois de juillet. Faire réfléchir avec simplicité, une qualité. "- Tu as vu ? lui demanda-t-il. - Quoi ? - Eh bien, je suis là"

Depuis des années je considère les Walkmen comme un de mes groupes les plus aimés. je croyais que ça voulait rien dire de plus que ça. Maintenant, je commence à me demander si je les ai pas tant chéris pour une autre raison. Je sais pas si ça me fait plaisir ou si ça m'inquiète.



1 commentaire:

  1. On me dit souvent que je lis beaucoup, mais je me demande comment tu fais pour lire tout cela !
    Ça donne envie en tout cas tout ça. Je vais à la bibliothèque tantôt, je vais me faire une petite liste...;-)

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