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dimanche 13 janvier 2013

"Ces 1001 choses qui remplissent une vie, et ne représentent plus rien par la suite"

Et on continue à se promener des les eaux troubles des polars et de l'Asie en ce moment...une pensée pour Zucco, grand architecte des projets délirants !



Honneur à la Chine cette fois avec une traque de serial killer offerte par Feng Hua avec le très réussi Seul demeure son parfum: tous les ingrédients sont là, le machiavélisme, l'identité probablement connue par le lecteur, et l'impossibilité de trouver la faille, avant que par quelques détails on commence à entrevoir un mince espoir...Mais en prime, une construction très habile, des personnages complexes et intrigants, des lieux et une société qui change de l'éternelle Amérique, une écriture fluide et prenante: bigre, mais ça voudrait que n'importe quel livre édité par Philippe Picquier serait une réussite totale ? En tout cas, une lecture de plus après laquelle seul demeure le plaisir.


 Restons en Asie mais filons au japon pour un pur roman à énigme qui m'a ravi lui aussi, Le dévouement du suspect X de Keigo Ishigano. Une jeune femme harcelée par son ex-mari violent le tue avec l'aide de sa fille, et son voisin, un mathématicien âgé à la vie aussi rangée qu'une équation à aucune inconnue, visiblement amoureux d'elle, lui propose subitement son aide ! Il a un plan, et hop ellipse, et en avant pour l'enquête ! Donc nous devant ça, on sait que quelque chose a été fait, on ignore quoi, et on suit les policiers et un physicien qui a connu le voisin plus jeune chercher...ce qu'on ignore. Un jeu d'échecs donc, sans qu'on connaisse le plateau: eh bien c'est plus que plaisant, c'est bourré de mystères et de suspense, c'est habile, la dimension logico-mathématique de l'enquête et du plan du "meurtrier" m'a conquis, et on suit donc ça avec le ravissement de la manipulation consentie.



Un détour par l'Amérique et mes chères éditions Sonatine pour une plongée dans le milieu du cinéma des années 50, inspiré apparemment d'un fait divers réel jamais résolu (James Ellroy où te caches-tu ?!): Absente de Megan Abbott nous emmène dans les bas-fonds du cinéma, on croise des acteurs connus, des réalisateurs, mais aussi la mafia, les bars et boites glauques et dangereux, et un journaliste de bas-étage devenu agent de cinéma qui deux ans après se voit confronté au souvenir d'un soir où il était présent, le soir où une actrice de très bas-étage a mystérieusement disparu: c'est là que démarre son enquête, plus proche du roman noir que du polar, et j'avoue, cette plongée dans cette ambiance à nulle autre pareille certes n'est pas d'une originalité, mais là encore se dévore et se savoure sans fin...sauf justement à la toute fin, qui surgit un peu de nulle part, mais bon, après tout, un roman peut bien parfois corriger un peu la réalité qui elle est restée mystérieuse...


Deux curiosités pour finir, le court roman de Koike Mariko (dont j'avais beaucoup aimé les nouvelles il y a quelques temps) Le chat dans le cercueil nous entraîne dans les souvenirs d'une peintre âgée, réveillés par la vision d'un chat...lorsqu'elle s'occupait de la fille d'un veuf, une bien étrange histoire commença autour du chat de la petite fille, inséparable compagnon. Etrange histoire de famille, pas toujours convaincante, mais où fleure bon les mystères et les ténèbres des huis-clos, cette maison proche d'un grand champs que recouvre parfois la neige...




Dépaysement encore avec mon premier polar...uruguayen: Trois vautours de Henry Tujillo !! Là encore un court roman noir noir noir, aux confins de la Bolivie, l'Argentine et l'Uruguay, une histoire située dans des no man's land bien perdus, de revente de voiture puis de relations troubles et dangereuses. Pas totalement réussi au niveau de l'intrigue, ce roman par contre dévoile des confins qui sont de redoutables décors de romans noirs.





On terminera avec une sorte de fable japonaise sidérante, le très court mais stupéfiant La jeune fille suppliciée sur l'étagère d'Akira Yoshimura, ou le récit de la vie d'une jeune fille...après sa mort ! Mais attention, pas un au-delà, non non, on est au Japon donc rien ne s'y fait comme ailleurs: la jeune fille raconte sur le ton le plus normal qui soit ce qui se passe vraiment pour son corps, emmené à l'hôpital pour une autopsie puis un don d'organe: donc on la suit partout, regardant ses parents quand on vient "la" chercher, observant les rues dans la voiture, se faisant disons euh..;découper et pas qu'un peu, ressentant certaines gênes devant ces médecins confrontés à sa peau (et ses viscères !!), et on continuera ainsi jusqu'à l'urne, voire plus !! Un récit époustouflant uniquement par son point de vue, un tableau hallucinant du Japon et de la famille, par un auteur des années 70 dont j'ignorais l'existence mais qui a écrit plusieurs romans, je vais aller vite vite voir un peu ce qu'il en est des autres. Choc !!

Pas de concerts à l'horizon en ce moment, c'est pas du jeu, dans deux mois ya les belges de Balthazar qui résonnent bien dans mon salon...



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