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dimanche 16 juin 2013

On préfère pas un doliprane à une extasy !

Bon alors ça a été la semaine des joints, du Zucco en mode plongée hilarante, du Boris qui est à peu près en couple mais qui croit que non, du Seb qui part à Mayotte et puis non et puis peut-être, de Maggie qui est drôle et toute jolie, des fins de travail avec du grand ("vos cours étaient d'une puissance telle que je me prenais une claque dans la tête à la plupart de vos interventions", gravé dans le marbre ça !), de la fille du concert qui lisait, de la fille du bar qui lisait aussi, de Roxane pour les remous, du ptit gars qui le pauvre se prend sa deuxième attelle de l'année, de Morgane qui est toujours jamais là, de Frédérique pour des transports de luxe, et du cinéma !  Si je compte bien, il me reste 60 semaines de ce genre à vivre !


 Alors on commence dans la cohue des films avec Shokuzai 1 et 2 de Kyochi Kurosawa, autant dire le cinéaste japonais dont je n'ai jamais su quoi penser. Là, c'est une série qui sort au cinéma, cinq épisodes autour des répercussions d'un assassinat d'enfant. Une scène d'ouverture terrifiante et très éprouvante, puis 15 ans après les conséquences, celles qui voulaient oublier, celles qui voulaient se souvenir. En fait, un film qui suit les personnages concernées par le drame, dans leurs vies d'adulte. Un trauma étiré.   Et un film qui navigue entre étrangeté parfois lynchéenne (ce que j'ai préféré), humour inattendu, parfois proche de l'absurde, souffrance inéluctable, et recherche du meurtrier, l'ultime épisode, qui ne m'a pas totalement convaincu, comme toujours chez ce cinéaste roi des déviations appauvrissantes. On se retrouve donc devant près de 5h de film inégales mais parfois vraiment réussies, des portraits de femmes forts et intrigants, et une étude presque clinique des traces laissées par les mots et le passé. Pas chef-d'oeuvre, mais surement l'oeuvre du monsieur qui m'a le plus parlé.












Assez loin de ça, mais peut-être pas tant, le nouveau Alain Guiraudie remet en lumière l'oeuvre d'un cinéaste français vraiment atypique, à l'univers toujours identifiable mais toujours autre, que j'aime absolument à suivre. L'inconnu du lac fait le choix, risqué mais ici parfaitement réussi, du "huis-clos" même si on est dehors: un lac lieu de rendez-vous de drague homo, la forêt à coté, le parking. On ne quittera jamais ces trois lieux. Et c'est un suspense assez hitchcockien qui se met en place: un observateur détaché, et deux hommes, qui tombent amoureux (probablement) mais l'un des deux a vu l'autre tuer quelqu'un. L'attrait, la peur, le plaisir, se mêlent à cela, pour un objet filmique assez inidentifié, une parade des corps d'hommes et des scènes ultra-explicites qui arrivent à dynamiter toutes les attentes. Film hors-normes, dérangeant non par ses thèmes mais par cette façon assez unique de distiller une angoisse progressive avec les actes les plus banals, parler à quelqu'un, nager, s'aimer ou le croire,  un dernier quart-d'heure terrifiant et une fin bluffante: à nouveau je le vois pas comme un chef-d'oeuvre, mais un film à part, ça, clairement. Ebourriffant.




Autre film français en marge de tout, La fille du 14 juillet d'Antonin Peretjatko est un délire sans limite (et une incroyable métaphore de la vie de Boris, mais ça c'est réservé aux initiés !), une oeuvre surréaliste voire situationniste (Debord y est cité dans un jeu télévisé !! énorme) qui échappe à toutes les conventions. Première oeuvre, donc très réjouissante, car aucune règle ni limite n'est ici prise en compte. jeu d'acteur quasi-rohmérien (j'ai halluciné total les dix premières minutes), fantaisie libertaire sans logique ni réalisme, mais aussi vision enflammée des possibles, c'est comme un bain de jouvence, une façon de dire on peut faire des comédies comme ça dans le monde lamentable des comédies de cinéma) et c'est une bonne nouvelle. Il y a comme un héritage probablement indirect de l'univers si unique du grand Jacques Rozier, immense méconnu et laissé pour compte de notre cinéma, et rien que cette nouvelle serait un bonheur. La meilleure nouvelle restant la confirmation d'un acteur qui crée depuis quelques temps ce que je préfère: les acteurs m'indiffèrent au plus haut point, sauf lorsqu'ils construisent un univers, ce qui est très rare. Et donc on a eu Jean-Pierre Léaud pour les années 70, on a eu Mathieu Amalric pour les 90, on a eu Louis Garrel pour les années 2000, voilà enfin Vincent Macaigne pour les 2010. Oui c'est moi qui écris, ce mec est un génie que j'admire, je connais pas son oeuvre théâtrale (il est metteur en scène) mais j'admire ses prestations d'acteurs (Un monde sans femme, inoubliable !), et je m'avoue fort intrigué par son moyen métrage Ce qu'il restera de nous, une tornade hystérique comme j'en ai rarement voire jamais vu. Le voilà le seul actuellement qui sait incarner quelque chose et me rappelle que les acteurs ça peut parfois être important au cinéma.  Attention: dans quelques années, il est sur tous les sommets.



Il y a environ deux ans, mon top 10 ciné de l'année était le suivant: Les biens aimés, Donoma, L'apollonide souvenirs de la maison close, One piece strong world. Ce manga m'avait sidéré et pas que moi, d'une drôlerie, d'une invention, d'un anti-moralisme et d'un souffle d'aventure absolus. C'est donc peu dire que la sortie de One piece Z de Tatsuya Nagamine me faisait trépigner. En route un dimanche matin avec mon ptit gars pour voir ça, et si l'esprit du précédent est toujours là, l'effet de surprise a disparu et donc ce n'est qu'un demi-amour qui subsiste. Oui les personnages restent totalement délirants, oui ici tout est permis, mais comme toute invention géniale, quand on la décline il y a le risque de tourner un peu en rond...Ce fut donc bien, mais seulement bien...Même avis pour mon ptit gars, qui je crois va devenir un beau spectateur: il s'ennuie devant les rares blockbusters qu'on essaie de regarder et qu'il demande à arrêter, mais il adore Bouli Lanners, Doillon, Hirozaku Koreeda,  Entre les murs et veut voir du Kechiche !!! Oh mon ptit gars...



Constat encore plus désabusé avec Stoker de Park Chan-Wook désormais en Amérique. Hum...je me souviens de l'exil des génies de Hong-Kong (Tsui Hark, John Woo) là-bas, qui n'a rien donné. Il semblerait que ma Corée aimée prenne le relais: mauvaise idée. Donc un film qui se veut étouffant mais étouffe pas grand chose, des acteurs trop américains pour une atmosphère coréenne (je me demandais souvent amèrement ce que cela aurait donné comme électricité filmé à Séoul), un film poliment secouant qui ne fait donc que faire frissonner les fauteuils, duquel je ne sauverai que Nicole Kidman, actrice dont j'ignore quasiment tout rôle voire tous, je crois bien n'avoir jamais vu le moindre film avec elle,  qui est ici la seule à insuffler un peu d'étrangeté et de malaise. Pour le reste, le cinéma coréen se dilue ici dans le mainstream, il savait parfaitement le faire en Corée d'où son génie, ça coince vite là. Une fois de plus, à bas quasiment tout le cinéma américain grand public, et d'ailleurs tout le cinéma grand public, sans aucune exception.

Guitares à toutes berzingues: merci Girls names !!  





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