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samedi 27 avril 2013

Mes plus belles histoires d'amour c'est vous

S'il faut lire deux romans, non: textes, d'amour, c'est bien ces deux-là ! Mais comme il faut en lire bien plus, commençons par ces deux découvertes fondamentales.



Laissez-moi de Marcelle Sauvageot est une tornade d'intelligence et de sentiments, en un nombre minimal de pages: un livre comme on en croise peu, très peu, dans sa vie, et c'est une bonne nouvelle: l'extra-ordinaire se dissimule décidément partout. Donc Marcelle Sauvageot a écrit ce "texte" dans les années 30: une sorte de monologue adressé à son amant qui déclare lui "préférer" un mariage avec une autre. Marcelle Sauvageot est malade, part en cure, mourra juste après, et dissèque ici, mais au sens le plus archéologique, creuser sans fin pour enfin tout comprendre et expliquer, sur ce sentiment amoureux qui les unit. Et donc: ça brûle, ça luit, et tout bouge. Ce court texte est une déflagration d'amours, non pas romantique, elle ne crie nullement à l'aide reviens, mais elle dit ce que nous vivons tous et ne savons dire. On lit donc des mots comme de nous, des mots hors de tous les temps et de toutes les histoires, des mots d'une poétesse de l'intelligence, des mots déchirants mais jamais déchirés, car absolument construits et imbriqués. Visiblement ce joyau hors-normes est source de confidentialité depuis plus de 80 ans: eh bien la liaison secrète que j'ai vécu une heure avec lui se hisse aussitôt au rang précieux des inoubliables. Etres humains de toutes les planètes, lisez ceci, puis relisez-le, puis vivez...



Autre découverte majeure, un écrivain danois du début du XXème siècle (ou de la fin du XIXème ??), Hermann Bang avec le magnifique Mikaël, un roman éblouissant sur les amours tendus dans les filets de la passion ravageuse. Autour d'un vieux peintre et d'une petite communauté parisienne de la noblesse, quelques scènes qui s'étirent et s'entrechoquent pour que tout explose. Proustien en diable alors que Proust a pas encore écrit, mais par contre ancré dans le seul présent, car lorsque celui-ci bouscule tout passés et avenirs s'évanouissent, ce roman est réellement la deuxième déflagration de l'amour lue ces derniers temps. Un roman de la destruction, du doute, des oublis et surtout des élans, avec au coeur une société et l'obsession de la peinture: donc: une merveille d'une profondeur tellement vertigineuse qu'on a l'impression, face à cela, de vivre nous aussi une unique passion, comme elles le sont toutes...

Ya pas beaucoup de chansons qui peuvent se hisser au niveau de ces chefs-doeuvre...mais Pierre Lapointe, évidemment...


 

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