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samedi 20 avril 2013

J'ai lu quelques BD...

...car la bibli a enfin réouvert ! Revue rapide j'ai pas trop de temps (car le temps reste électrique, bien chargé aussi, mais ô combien électrique !)

Nous n'irons pas voir Auschwitz de Jérémie Dres réussit à s'inscrire brillamment dans un genre bien balisé, le récit autobiographique se confrontant à l'histoire. Donc, un parisien, suite à la mort de sa grand-mère juive, décide d'aller avec son frère en Pologne, pour y chercher les traces de ce passé dont ils ignorent presque tout. Ils y rencontrent de nombreuses personnes, des jeunes, des rabbins, des responsables d'association, pour finalement voir que les traces sont certes ténus mais aussi existantes. Et puis petit bonheur pour moi, ils passent surtout par Varsovie mon adorée, et par plein d'endroits que j'y ai connus ! Ainsi c'est drôle, instructif, parfois passionnant, souvent troublant, et c'est ce que la BD contemporaine sait souvent bien faire: un écho de l'Histoire et des vies individuelles.

Valentin, d'Yves Pelletier et Pascal Girard, nous vient du Québec, alors c'est bien ! Plus sérieusement, une histoire de couple en apparence toute mignonne, naïve et colorée, avec un chat qui vient perturber le quotidien, et puis finalement c'est l'histoire de la remise en question d'un couple à travers ce chat: donc une alliance tout à fait réussie de quotidien, de douceur, de cruauté, de doutes et d'espoirs, de remise en question, une BD en prise avec la vie dans ce qu'elle a de plus quotidien et de plus romanesque, avec en prime un chat vraiment rigolo !





Nankin de Nicolas Meylaender et Zong Kai revisite crument cet épisode terrifiant de l'histoire chinoise, à travers l'enquête d'un avocat qui recherche les derniers témoins, vieux et peu nombreux, de ce moment. Dans un coloris assez particulier, fond rouge et peu de couleurs, ce sont toutes les horreurs de la guerre qui surgissent, et si on n'est pas chez maître Joe Sacco, cette BD s'avère quand même essentielle.



Les amandes vertes de Delphine et Anaelle Hermans raconte le voyage en Palestine et Israël de la soeur de la dessinatrice, et leurs regards qui se croisent sur ces réalités, tant politiques que quotidiennes voire simplement humaines. Moins profond que la première BD dont je parlais, c'est à nouveau un regard sur le monde  à travers le prisme des yeux d'ailleurs.







La bonne surprise vient du Pablo de Clément Oubrerie et Julie Birmant , BD qui avait l'air bien trop traditionnelle pour m'intéresser, et qui s'avère être une vraie réussite: elle évoque dans ces deux premiers tomes les vingt ans de Picasso, lorsqu'il n'est encore pas vraiment un peintre reconnu, pas du tout même, ses années de bohème et ses rencontres géniales avec certaines femmes, puis Max Jacob, puis Apollinaire...et vraiment l'atmosphère de ce début de siècle (1904 je crois) est subtilement rendue, loin des clichées et des lourdeurs de la biographie dessinnée: pétillant, drôle, intéressant, ces deux premiers tomes furent un régal !




L'enfance d'Alan d'Emmanuel Guibert reprend son fameux personnage, ce vieil homme dont il a raconté la guerre, pour donc évoquer son enfance, dans un style graphique très inattendu, très dépouillé, plutôt des images qu'une BD, avec le texte transcrivant les mots d'Allan: une enfance ordinaire et logiquement extraordinaire comme l'est toute enfance, certains passages emplis de l'émotion des traces laissées ou des gouffres ouverts, un livre non-fini (mais infini) puisque Allan est mort avant la fin du projet, mais à nouveau, sur un thème archi-rebattu en BD, c'est une réussite éblouissante, d'une intelligence et d'une profondeur rares.




N'embrassez pas qui vous voudrez de Sandrine Revel et Marzena Sowa est le récit faussement naïf de la situation de la vie sous le communisme, à travers la mésaventure d'un petit garçon accablé de tous les maux parce qu'il a voulu embrasser sa petite voisine au cinéma pendant un film sur Staline. A partir de ce mince canevas, c'est un portrait politique d'une époque qui surgit à travers les yeux des enfants, et l'ensemble est finalement tout à fait agréable et inattendu.

Etat de veille de Davide Revati est une incroyable BD italienne, d'une étrangeté fascinante, là encore proche de l'enfance mais dans une sorte de métaphore poétique aussi belle que perturbante. Où sommes-nous, quand sommes-nous, on ne saura jamais trop, mais des enfants vivent au quotidien, entre disputes, foot et blagues, et des bribes de ces bouts de vie surgissent et repartent. Métaphore de l'enfance ou de la mémoire, je ne sais, mais en tout cas une BD hors du commun, à nulle autre pareille...





Youh, c'est l'été, enfin tout comme, c'est reggae !




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